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que vous avez trouvé de la maxime[1] qui ressemble à la chanson. Pour moi, je suis de votre avis : je saurai s’ils ont eu un autre dessein que de vouloir louer les fantaisies, c’est-à-dire, les passions. Si cela est, l’exacte philosophie s’en offense ; si cela n’est pas, il faut qu’ils s’expliquent mieux.

Je soupai hier chez Gourville avec les la Rochefoucauld, les Plessis, les Fayette, les Tournai[2]. Nous attendions le grand Pompone ; mais le service de ce cher maître que vous honorez tant l’empêcha de se retrouver avec la fleur de ses amis. Il a bien des affaires, à cause des dépêches qu’il faut écrire partout, et à cause de la guerre.

L’archevêque de Toulouse[3] a été fait cardinal à Rome ; et la nouvelle en est venue ici dans le temps qu’on attendoit celle de Monsieur de Laon[4]. C’est une grande douleur pour tous ses amis. On tient que Monsieur de Laon s’est sacrifié pour le service du Roi, et qu’afin de ne point trahir les intérêts de la France, il n’a point ménagé le cardinal Altieri[5], qui lui a fait ce tour. On espère que son rang pourra revenir, mais cela est long, et c’est toujours ici un dégoût.

Benserade a dit plaisamment à mon gré que le retour

  1. 4. Voyez la lettre 247, p. 496, et la fin de la lettre 254.
  2. 5. C’est-à-dire, l’évêque de Tournai, Gilbert de Choiseul, qui occupa ce siége de 1671 à 1689.
  3. 6. Pierre de Bonzi, né en 1631 d’une ancienne famille de Florence, archevêque de Toulouse de janvier 1672 à octobre 1673, mort archevêque de Narbonne le 11 juillet 1703. Il avait été évêque de Béziers (1659-1669), et ambassadeur en Toscane, à Venise et en Pologne. — Sur ce cardinal, « longtemps roi de Languedoc par l’autorité de sa place, son crédit à la cour et l’amour de la province, » voyez Saint-Simon, tome I, p. 404, et tome IV, p. 133 et suivantes.
  4. 7. César d’Estrées (évêque de Laon de 1655 à 1681) fut déclaré cardinal peu de temps après. Il l’étoit in petto depuis le mois d’août 1671. (Note de Perrin.)
  5. 8. Paluzzo Paluzzi Albertoni, Romain, adopté par le pape Clément X (Émile Altieri) ; mort en juin 1698.