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1672

J’ai dîné aujourd’hui avec plusieurs Provençaux chez M. de Valavoire. Le mari et la femme sont les meilleures gens du monde. Je vous plains de n’avoir point la femme, vous n’avez rien de si bon : elle est raisonnable et naturelle ; elle me plaît fort. Nous avions MM. de Bouc, d’Oppède[1], de Gordes et de Souliers[2], Mme de Buzanval, Monsieur d’Uzès, M. et Mme de Coulanges. Votre santé a été célébrée au plus beau repas que j’aie jamais vu ; nous avons été bien heureux de commencer les premiers.

On a fort conté ici la bonne réception que vous avez faite à M. le duc d’Estrées[3] : il en a écrit des merveilles à ses enfants. Mme de Rochefort[4] n’a qu’un cri, depuis que vous avez écrit à ses cousines, sans lui dire un mot. Pour moi, je vous conseille de lui écrire, et de tâcher de l’apaiser à quelque prix que ce soit.

Ce que vous me mandez de votre séjour infini me brise le cœur : ma raison n’est pas si forte que la vôtre, et je me perds dans les réflexions que cela me fait faire.

  1. Lettre 251. — 1. Jean-Baptiste de Forbin Meynier, marquis d’Oppède ; il fut ambassadeur en Portugal. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 2. Jean de Forbin de Souliers, colonel du régiment de Provence, beau-frère de Mmes de Valavoire et de Buzanval. (Ibidem.)
  3. 3. François-Annibal, duc d’Estrées, fils du frère de Gabrielle (mort à plus de cent ans, dit-on, le 5 mai précédent). Il était frère aîné du maréchal et du cardinal. Il fut gouverneur de l’Île-de-France, de Soissons et de Laon, et mourut à Rome, où il était ambassadeur, le 30 janvier 1687. Il avait épousé en 1647 Catherine de Lauzières Thémines, dont il eut : François-Annibal, alors marquis de Cœuvres, plus tard duc d’Estrées ; Pons-Charles, marquis de Thémines, mort en mai 1672 ; et Jean, qui succéda (1681) à son oncle le cardinal sur le siège de Laon, et mourut à quarante-trois ans, en décembre 1694.
  4. 4. Petite-fille du chancelier Seguier. Ses cousines, Mlle de Béthune, carmélite à Pontoise, et la comtesse de Guiche, étaient comme elle petites-filles du chancelier, et Mme de Grignan leur avait écrit à l’occasion de la mort de leur aïeul.