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affliction celle de lire une méchante lettre. Trouvez donc bon, s’il vous plaît, que je vous assure ici que je suis très-sensible à tout ce qui vous arrive, et que je me sais faire un fort grand plaisir d’espérer que j’aurai l’honneur de vous voir cet été. J’irai assurément à Grignan, quand il m’en coûteroit de quitter le marquis de Villeroi à Lyon. Comprenez mon procédé. Adieu, Madame : c’est une chose délicieuse que de demeurer avec Madame de Sévigné.


1672

248. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 12e février.

Je ne puis, ma bonne, que je ne sois en peine de vous, quand je songe au déplaisir que vous aurez de la mort du pauvre Chevalier. Vous l’avez vu depuis peu : c’étoit assez pour l’aimer beaucoup, et connoître encore plus toutes les bonnes qualités que Dieu avoit mises en lui. Il est vrai que jamais un homme n’a été mieux né, ni avec des sentiments plus droits et plus souhaitables ; avec une très-belle physionomie, et une très-grande tendresse pour vous. Tout cela le rendoit aimable, et pour vous, et pour tout le monde. Je comprends aisément votre douleur, puisque je la sens en moi ; cependant, ma bonne, j’entreprends de vous amuser un quart d’heure, et par des choses où vous avez intérêt, et par le récit de ce qui se passe dans le monde.

Monsieur d’Uzès a écrit un mémoire admirable de tout ce qu’il trouve à propos de faire savoir à M. Colbert, auquel il n’ose parler, à cause de la vision que son nom porte la petite vérole. Il n’y a qu’à admirer tout ce que