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neur[1]. Il me semble que je n’oubliai rien de ce qu’il falloit dire. Il me donne toujours de l’esprit ; le sien est tellement aisé, qu’on prend sans y penser une confiance qui fait qu’on parle heureusement de tout ce qu’on pense : je connois mille gens qui font le contraire. Enfin, ma fille, sans vouloir m’attirer de nouvelles douceurs, dont vous êtes prodigue pour moi, je sortis avec une joie incroyable, dans la pensée que cette liaison avec lui vous seroit très-utile. Nous sommes demeurés d’accord de nous écrire ; il aime mon style naturel et dérangé, quoique le sien soit comme celui de l’éloquence même.

Je vous mandai l’autre jour de tristes nouvelles du pauvre Chevalier : on venoit de me les donner de même. J’appris le soir qu’il n’étoit pas si mal ; et enfin il est encore en vie, quoiqu’il ait été au delà de l’extrême-onction, et qu’il soit encore très-mal. Sa petite vérole sort et sèche en même temps ; il me semble que c’est comme celle de Mme de Saint-Simon[2]. Rippert vous en écrira plus sûrement que moi ; j’en sais pourtant tous les jours des nouvelles, et j’en suis dans une très-véritable inquiétude ; je l’aime encore plus que je ne pensois.

Cette nuit, Mme la princesse de Conti[3] est tombée en apoplexie. Elle n’est pas encore morte, mais elle n’a aucune connoissance ; elle est sans pouls et sans parole ; on la martyrise pour la faire revenir. Il y a cent personnes dans sa chambre, trois cents dans sa maison : on pleure, on crie ; voilà tout ce que j’en sais jusqu’à l’heure qu’il est. Pour M. le chancelier[4] il est mort très-assuré-

  1. lettre 245 (revue en très-grande partie sur une ancienne copie). — 1. Dans le manuscrit : « voulût faire le gouvernement. »
  2. 2. Voyez les lettres 115, 116, 118.
  3. 3. Voyez la note 3 de la lettre 144.
  4. 4. Pierre Seguier.