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1672


Bourdeaux[1], qui étoit habillée en petite mignonne. Monsieur le Duc étoit derrière, Pomenars au-dessus, avec les laquais, son manteau dans son nez[2], parce que le comte de Créance le veut faire pendre[3], quelque résistance qu’il y fasse ; tout le bel air étoit sur le théâtre. M. le marquis de Villeroi[4] avoit un habit de bal ; le comte de Guiche[5] ceinturé comme son esprit ; tout le reste en bandits. J’ai vu deux fois ce comte chez M. de la Roche-

  1. 10. Veuve d’Antoine de Bourdeaux (Bordeaux), frère de la présidente de Pommereuil (la maîtresse de Retz). Son mari était mort ambassadeur en Angleterre en 1660, la laissant grosse d’une fille unique qui épousa le comte de Fontaine Martel, premier écuyer de la duchesse de Chartres (la femme du Régent). « Mme de Bordeaux, dit Saint-Simon (1692, tome I, p. 31), pour une bourgeoise, étoit extrêmement du monde et amie intime de beaucoup d’hommes et de femmes distingués. Elle avoit été belle et galante ; elle en avoit conservé le goût dans sa vieillesse, qui lui avoit conservé aussi des amies considérables. Elle avoit élevé sa fille unique dans les mêmes mœurs : l’une et l’autre avoient de l’esprit et du manège, »
  2. 11. C’est le texte du manuscrit, des éditions de 1726, et de Perrin dans sa première (1734). Dans la seconde (1754), il a renversé l’ordre des mots et adopté la construction plus ordinaire : « son nez dans son manteau. »
  3. 12. Voyez la note 15 de la lettre 188.
  4. 13. François de Neufville, marquis, puis duc de Villeroi, né en 1644, mort en 1730, fils du maréchal et duc, gouverneur de Louis XIV (qui mourut en 1685) ; lui-même maréchal après Nervinde en 1693, gouverneur de Louis XV, et, comme son père, gouverneur de Lyon et du Lyonnais, Forez et Beaujolais. Il est souvent appelé le Charmant. Il était frère de la marquise d’Hauterive et de la comtesse d’Armagnac, et avait épousé le 28 mars 1662 Marguerite de Cossé, sœur du duc Henri-Albert de Brissac.
  5. 14. Voyez la note 2 de la lettre 152. — Rien n’était plus apprêté que le style du comte de Guiche. Bussy répond, le 22 mai 1671, à Mme de Scudéry, qui s’était plainte de l’obscurité d’une lettre du comte de Guiche : « C’est proprement (comme l’avait dit Mme de Scudéry) un entortillement d’esprit que ses expressions, et surtout dans ses lettres… Il n’est presque pas possible d’entendre ce qu’il écrit… Il n’est pas tout à fait si obscur dans ses conversations. » — Voyez aussi les lettres du 16 mars (à la fin), et du 29 avril 1672.