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Ce sont toutes vos flatteries qui me donnent cette confiance. Je vous prie, ma bonne, de vous bien conserver dans ce bienheureux état, et ne passez point d’une extrémité à l’autre. De bonne foi, prenez du temps pour vous rétablir, et ne tentez point Dieu par vos dialogues et par votre voisinage.

Mme de Brissac a une très-bonne provision pour son hiver, c’est-à-dire M. de Longueville et le comte de Guiche[1], mais en tout bien et en tout honneur ; ce n’est seulement que pour le plaisir d’être adorée. On ne voit plus la Marans chez Mme de la Fayette, ni chez M. de la Rochefoucauld. Nous ne savons ce qu’elle fait ; nous en jugeons quelquefois un peu témérairement. Elle avoit cet été la fantaisie d’être violée ; elle vouloit être violée absolument : vous savez ces sortes de folies. Pour moi, je crois qu’elle ne la[2] sera jamais : quelle folie, bon Dieu ! et qu’il y a longtemps que je la vois comme vous la voyez présentement !

Il ne tient pas à moi que je ne voie Mme de Valavoire[3]. Il est vrai qu’il n’est point besoin de me dire : « Va la voir ; » c’est assez qu’elle vous ait vue[4] pour me la faire courir ; mais elle court après quelque autre, car j’ai beau la prier de m’attendre, je ne puis parvenir à ce bonheur. C’est à Monsieur le Grand[5] qu’il faudroit donner votre turlupinade : elle est des meilleures. Châtillon[6] nous en donne tous les jours ici des plus méchantes du monde.


  1. 11. Voyez sur le duc de Longueville la note 7 de la lettre 84 ; et sur le comte de Guiche, la note 2 de la lettre 152 et la note 14 de la lettre 238.
  2. 12. Ici encore, Perrin a remplacé la par le.
  3. 13. Voyez la note 11 de la lettre 174.
  4. 14. Dans l’édition de 1725 et dans celles de 1726 : « c’est assez qu’elle vous aime. »
  5. 15. Le comte d’Armagnac, grand écuyer de France.
  6. 16. Voyez la note 19 de la lettre 230.