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1671

voit dire : « Madame, Madame vous donne le bonjour, elle vous prie de la venir voir. » Elle me reparla de tout votre voyage ; que quelquefois vous vous souveniez de moi. Je fus une heure assez impertinente. Je m’amuse à votre fille ; vous n’en faites pas grand cas, mais croyez-moi, nous vous le rendons bien : on m’embrasse, on me connoît, on me rit, on m’appelle. Je suis Maman tout court ; et de celle de Provence, pas un mot.

J’ai reçu mille visites de tous vos amis et les miens, cela fait une assez grande troupe. L’abbé Têtu a du temps de reste, à cause de l’hôtel de Richelieu qu’il n’a plus[1] ; de sorte que nous en profitons. Mme de Soubise est grosse de quatre enfants, à voir son ventre.


Je reçois votre lettre du 16e. Je ne me tairai pas des merveilles que fait M. de Grignan pour le service de Sa Majesté ; je l’avois déjà fait aux occasions, et le ferai encore. Je verrai demain M. le Camus ; il m’est venu chercher, le seul moment que je fus chez M. de Mesmes. À propos, ma bonne, il ne faut pas seulement lui écrire, mais à Mme d’Avaux pour elle et son mari, et à d’Irval[2], sur peine de la vie : les compliments ne suffisent pas en

    dans les lettres des 28 juin et 5 juillet 1671. — Dans le manuscrit, au lieu de Catau, on lit Satan.

  1. 15. « L’abbé Têtu, intime ami de Mme de Richelieu, dominoit à l’hôtel de Richelieu, et s’en croyoit le Voiture. C’étoit un homme plein de son propre mérite, d’un savoir médiocre, et d’un caractère à ne pas aimer la contradiction : aussi ne goûtoit-il pas le commerce des hommes ; il aimoit mieux briller seul au milieu d’un cercle de dames, auxquelles il imposoit, ou qu’il flattoit plus ou moins, selon qu’elles lui plaisoient. » (Souvenirs de Mme de Caylus, tome LXVI, p. 414 et suivante.)
  2. 16. Voyez la note 19 de la lettre 132 et la note 9 de la lettre 143.