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Il n’y a nul chiffre à tout ceci ; mais je trouve que le Roi fait partout un si bon personnage, qu’il n’est point besoin de mystère quand on en parle.

On a trouvé, dit-on, mille belles merveilles dans les cassettes de M, de Lauzun[1] ; des portraits sans compte et sans nombre, des nudités, une sans tête, une autre les yeux crevés (c’est votre voisine[2]) : des cheveux grands et petits, des étiquettes pour éviter la confusion : à l’un grison d’une telle, à l’autre mousson de la mère, à l’autre blondin pris en bon lieu, ainsi mille gentillesses[3] : mais je n’en voudrois pas jurer, car vous savez comme on invente dans ces occasions.

J’ai vu M. de Mesmes[4], qui enfin a perdu sa chère femme. Il a pleuré et sangloté en me voyant ; et moi, je n’ai jamais pu retenir mes larmes. Toute la France a visité cette maison ; je vous conseille d’y faire des compliments ; vous le devez par le souvenir de Livry que vous aimez encore.

  1. 6. Voyez les Mémoires de Mademoiselle, t. IV, p. 323 et suivante. — Dans Le manuscrit il y a « mille belles nouvelles, » au lieu de : « mille belles merveilles. »
  2. 7. Mme de M… (Note de 1734, non reproduite par Perrin dans l’édition de 1754.) — Cette initiale désigne Mme de Monaco (voyez la note 15 de la lettre 153), dont Lauzun avait été fort amoureux. Il ne lui pardonna pas ses complaisances pour le Roi. On peut voir dans Saint-Simon (tome XX, p. 45) le tour que Lauzun joua aux deux amants. Voyez aussi la lettre du 6 janvier suivant.
  3. 8. Nous avons suivi le texte du manuscrit. Dans les éditions de 1725 et de 1726, il n’y a qu’une seule différence : mouton au lieu de mousson.
  4. 9. Le président Jean-Antoine de Mesmes. Il avait épousé Anne Courtin, fille de François Courtin, seigneur de Brusselles, etc., maître des requêtes, et de Jeanne Lescalopier. — Mme d’Avaux, sa belle-fille, dont il est parlé un peu plus bas (p. 444), était Marguerite, fille de Macé Bertrand de la Bazinière, prévôt et grand maître des cérémonies de l’ordre du Saint-Esprit, et de Françoise de Barbezières Chemerault. Elle mourut moins d’un an après son mari (1688). Voyez la note 9 de la lettre 143 et la note 19 de la lettre 132.