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tience et je saurai tout ; mais vous savez que c’est une vertu qui n’est guère à mon usage. J’embrasse M. de Grignan et les autres Grignans. Mon abbé vous honore, et la Mousse.


1671

225. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

Ce 2e décembre, aux Rochers.

Je juge de la joie que vous donne l’accouchement de Provence, par la tristesse que m’a donnée la longueur de votre mal : cette mesure est assez juste ; j’en ai parlé plusieurs fois à M. d’Hacqueville, et je vois bien qu’il ne vous en a pas fait un secret. Je ne sais quand vous délogez ; mais je serai avant Noël à Paris ; et en quelque lieu que vous soyez, je trouverai bien le moyen de passer quelque soirée avec vous. Nous avons mille choses à dire, et pourvu que nous n’ayons que Mme de Guitaut pour témoin de nos confiances, je suis assurée que nous ne nous en repentirons point. J’ai besoin de vos raisonnements pour me consoler de la mort de M. d’Oppède ; je la vois par un côté qui me la fait paroître fort mauvaise pour nos amis. J’attendrai vos lumières ; celles de Bretagne ne sont pas fort claires. Pour M. de Lauzun, on me mande que personne n’en sait encore plus que moi. Mais le sujet de moraliser est grand, quand on se souvient de l’année passée justement dans ce temps-ci. Peut-on oublier cet endroit quand on vivroit mille ans ? Et le voilà avec M. Foucquet. Adieu, Monsieur, je remets le reste au coin de votre feu ; mais je veux qu’en attendant vous soyez persuadé que je vous honore et vous estime de tout mon cœur.