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que vous dites du nom d’Adhémar. Enfin la seule rature de ses lettres, c’est à la signature[1]. Je suis bien empêchée pour le nom du régiment[2] ; je vous en ai mandé mon avis. Vous savez comme je suis pour Adhémar, et que je voudrois le maintenir au péril de ma vie ; mais je crains que nous ne soyons pas les plus forts. Pour la devise, elle est jolie :

Che peri, pur che m’inalzi[3].

Voilà le vrai discours d’un petit glorieux, d’un petit ambitieux, d’un petit téméraire, d’un petit impétueux, d’un petit maréchal de France. J’ai bien envie d’en savoir votre avis, et où je l’ai pêchée ; car je ne crois pas l’avoir faite. Pour M. de Grignan, ah ! je le crois ; je suis assurée qu’il aime mieux une grive que vous ; et si cela est, j’aime mieux un hibou que lui. Qu’il s’examine ; je l’aime comme il vous aime, à proportion. Je sais bien toujours qu’il y a une chose qui m’en fera juger. Mais, ma fille, n’admirez-vous point les erreurs et les contre-temps que fait l’éloignement ? Je suis en peine de vous quand vous êtes en bonne santé ; et quand vous serez malade, une de vos lettres me redonnera de la joie ; mais cette joie ne peut être longue ; car enfin il faut accoucher, et c’est cela qui vient dans le milieu du cœur, et qui trouble avec raison, jusqu’à ce que j’apprenne votre heureux

  1. Lettre 219. — 1. Le chevalier de Grignan avoit pris depuis peu le nom d’Adhémar, et il n’étoit pas encore en habitude de le signer. (Note de 1734, supprimée dans l’édition de 1754 : voyez p. 397, note 1.)
  2. 2. Le régiment dont il s’agit étoit un de ceux qu’on nomme, dans la cavalerie, régiments de gentilshommes, et qui portent le nom des colonels. Celui-ci s’appela Grignan, et ne quitta ce nom qu’à la mort du marquis de Grignan, arrivée en 1704. (Note de Perrin, 1754.)
  3. 3. Que je périsse, pourvu que je m’élève. — Le corps de cette devise étoit une fusée volante. (Note de Perrin.)