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1671


dée qu’elle est vraie, et que vous ne vous moquez point de moi. Elle pensoit que ce fût une folie de M. de Coulanges, et cela se pouvoit très-bien penser. Si vous lui en écrivez, que ce soit sur ce ton.

M. de Louvigny, comme vous voyez, n’a pas eu la force d’acheter la charge[1] de son père. Voilà M. de la Feuillade[2] bien établi ; je ne croyois pas qu’il dût si bien rentrer dans le chemin de la fortune. Ma tante a eu une bouffée de fièvre qui m’a fait peur. Votre fille a mal aux dents et pince comme vous : cela est plaisant. Que vous dirai-je de plus ? Songez que je suis dans un désert ; jamais je n’ai vu moins de monde que cette année. La Troche, que j’attendois, est malade. Nous sommes donc seuls : nous lisons beaucoup, et l’on trouve le soir et le lendemain comme ailleurs. Adieu, ma chère enfant, je suis à vous sans aucune exagération, ni fin de lettre, hasta la muerte[3] inclusivement. J’embrasse M. de Claudiopolis[4], et le colonel Adhémar et le beau Chevalier. Pour M. de Grignan, il a son fait à part.


  1. 9. De colonel des gardes françaises. Voyez les notes 8 et 9 de la lettre 211.
  2. 10. François d’Aubusson, duc de la Feuillade, depuis maréchal de France (1675), succéda au maréchal de Gramont, et fut installé par le Roi, le 4 janvier 1672 : voyez la lettre du 5 janvier.
  3. 11. Jusqu’à la mort. — C’est le mot d’une devise espagnole rapportée par le P. Bouhours, dans le VIe entretien d’Ariste et d’Eugène intitulé les Devises (p. 473 de la 3e édition, de 1671). Mme de Sévigné avait peut-être parcouru ce livre, dont la première édition est de janvier 1671.
  4. 12. M. le coadjuteur d’Arles. Il avait été sacré évêque de Claudiopolis, le 11 décembre 1667. Voyez la note 4 de la lettre 115.