Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 388 —

1671


les deux frères[1] : notre ami d’Hacqueville est fort mêlé là dedans. Louvigny n’a pas assez d’argent pour acheter la charge[2] ; je ne sais si l’on vous mande ce détail.

J’étois hier dans une petite allée, à main gauche du mail, très-obscure ; je la trouvai belle ; je fis écrire sur un arbre :

          E di mezzo l’horrore esce il diletto[3].


  1. 8. Le comte de Guiche et le comte de Louvigny, fils du maréchal de Gramont, frères de Mme de Monaco. — Armand de Gramont et de Toulongeon, comte de Guiche, si célèbre par « ses galantes folies », était né en 1638, et mourut à Kreuznach, lieutenant général des armées, le 29 novembre 1673. Il avait épousé, le 23 janvier 1658, Marguerite-Louise-Suzanne de Béthune Sully : voyez la note 1 de la lettre 132 ; voyez aussi sur lui les lettres du 27 septembre 1671, des 15 janvier, 16 mars (à la fin), 29 avril, 3 juillet 1672, et surtout du 8 décembre 1673. Il a laissé des mémoires publiés en 1744, et où il n’y a, dit M. Walckenaer (tome V, p. 413), nulle trace de cet esprit guindé et sophistiqué dont parle Mme de Sévigné (voyez les lettres 238 et 2.57). — Antoine-Charles, alors comte de Louvigny, et, à la mort de son aîné et de son père, successivement comte de Guiche et duc de Gramont (1678), fut ambassadeur en Espagne en 1704, et mourut à près de quatre-vingts ans en 1720. Il avait épousé en 1668 Marie-Charlotte de Castelnau, fille du maréchal de ce nom (morte en 1694, à quarante-six ans). Sur lui et son ambassade, sur sa seconde femme, voyez les Mémoires de Saint-Simon, tome IV, p. 270 et suivantes. Il a rédigé les Mémoires du maréchal de Gramont, son père. Il laissa un fils qui devint aussi maréchal en 1724.
  2. 9. De colonel des gardes françaises. Le maréchal prit le parti de la vendre, le Roi ayant défendu que le comte de Guiche, qui en avait la survivance, l’exerçât, et celui-ci ne voulant pas l’abandonner à son frère. Voyez les Mémoires du maréchal de Gramont, tome LVII, p. 93.
  3. 10. Dans la lettre 166, p. 211, Mme de Sévigné a déjà cité, en l’altérant comme ici, ce vers de la Jérusalem délivrée. Dans la Jérusalem conquise (chant XXIV, stance xxx), le Tasse a légèrement modifié, non la pensée, mais l’expression :
              Bello in si bella vista è il grande orrore,
              Ed esce dal tirnor nuovo diletto.