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d’une si étrange manière, que vous vous détruisez vous-même. Vous ne vous amusez point à des bagatelles : vous rêvez noir, ou il vous faut de la conversation. On ne peut être plus contente que je la suis de l’approbation que vous donnez à cette aimable belle-sœur ; je compte que c’est Mme de Rochebonne[1], qui a de l’air du Coadjuteur, et son esprit, et son humeur, et sa plaisanterie. Si vous voulez lui faire mes compliments par avance, vous me ferez beaucoup de plaisir ; mais vous ne voulez pas. Je ne trouve pas que vous vouliez aussi assurer votre premier président[2] de mon très-humble service. Il m’a fait mille compliments par Bandol ; je lui en ai rendu par la même voie et j’ai adressé la lettre droit à Aix. En voilà une de votre évêque, vous y verrez toujours les mêmes précautions : il ne veut pas être pris par le bec ; nous verrons un peu sa manière de peindre. J’espère fort au premier président, et à la présence des Grignans, et à la vôtre, et à la petitesse du présent, et à la bonté de vos raisons. Hélas ! il n’en faut pas tant en Bretagne, et j’ai quelquefois sur le cœur de n’avoir pas demandé dix mille écus pour vous. Plût à Dieu que quelqu’un voulût vous en donner cent comme on les a donnés ici à une seule personne ! Je vous conterai quelque jour ce que je ne veux pas dire ici.

Je commence à voir le temps que je partirai pour la Provence. Ce sera bien pis quand je compterai de Paris ; mais, ma bonne, je vous avoue que je ne compte point de vous laisser après moi : j’en pleurerois dès à présent comme M. du Gué. Je prétends vous ramener avec moi. Je crois qu’après deux ans de Provence, ce sera une chose assez raisonnable. Je vois ce que vous pensez, et c’est cela

  1. 2. Voyez la note 5 de la lettre 185.
  2. 3. Forbin d’Oppède, qui mourut au mois de novembre suivant.