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La Mousse prépare déjà sa réponse à cette belle pièce que vous composez. Je n’ai point reçu la lettre que vous écrivez à Mlle de Méri, au lieu de la mienne. Je crois que vous vous moquez quand vous me parlez de mes libéralités présentes ; c’est pour me faire honte. Ah ! ma fille, quelle poussière au prix de ce que je voudrois faire ! Je me réjouis de M. de Pompone, quand je songe que je pourrai peut-être vous servir par lui ; mais vous n’avez besoin que de M, de Grignan et de vous. Enfin nous ne pouvions pas souhaiter à cette place un homme qui fût plus de nos amis. M. de Coulanges, qui vous va voir, vous dira de quelle grâce le Roi a fait cette action.

Adieu, mon enfant. Mon Dieu ! n’êtes-vous point tombée ? Vous ne me dites rien ; vous me ménagez : mais je suis bien pis de n’avoir pour bornes que mon imagination. Ce médecin me fait peur ; que fait-il à Grignan ? et vous n’osez remuer ni pied ni patte ! On n’a point de repos quand on aime.

de l’abbé de coulanges.

Hélas ! ma belle Comtesse, vous peut-il venir dans l’esprit que je ne vous aime toujours très-tendrement ? Quand je ne vous le dirois jamais, votre chère mère sera toujours ma caution, et vous en répondra assurément comme d’elle-même. Vous ne sauriez croire le chagrin que j’ai que cette grande lettre que vous m’avez écrite de vos affaires soit égarée ; car ce qui vous touche m’est sensible au dernier point. Je n’y vois d’autre remède que de vous aller voir pour en parler tête à tête.