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1671

ponnes, de tout ce que nous disons sur le sujet de Mme de Coetquen.

Vous prenez goût à Nicole ; je ne sais où je prendrai un autre livre de morale pour vous soutenir le cœur ; je vous renverrai à nos anciens amis. On dit que M. de Condom en a fait un, qui dit que, pourvu qu’on croie les mystères, c’est assez, et improuve toutes nos chicanes sur le Saint-Sacrement, qui ne font que des hérésies. On dit qu’il n’y a rien de plus beau : voilà votre fait[1].

Le bonhomme d’Andilly me demanda l’autre jour votre adresse pour vous envoyer ce beau recueil de M. de Saint-Cyran[2]. J’en fus ravie, car j’avois dessein de lui demander tout franchement. Notre abbé vous embrasse mille fois. Mon Dieu ! qu’il est habile et que vous avez raison de le souhaiter !

  1. 7. Il ne faut pas prendre à la lettre ce qu’écrit ici Mme de Sévigné ; elle n’avait pas lu ce livre, dont il n’existait encore qu’un petit nombre d’exemplaires distribués aux évêques de France. L’édition qui tut rendue publique ne parut qu’à la fin de 1671. Elle a pour titre : Exposition de la doctrine de l’Église catholique sur les matières de controverse, par messire Jacques-Bénigne Bossuet, conseiller du Roi en ses conseils, évêque et seigneur de Condom, précepteur de monseigneur le Dauphin, à Paris, chez Sébastien Mabre-Cramoisy. L’achevé d’imprimer pour la première fois est du 1er décembre 1671. Mme de Sévigné est ici l’écho des bruits que les protestants répandaient sur cet ouvrage. Il avait été composé pour convertir Turenne. Bientôt des copies le multiplièrent. Les ministres de la réforme prétendirent qu’il ne contenait pas la doctrine reconnue par l’Église romaine ; que Bossuet y faisait des concessions qui ne seraient pas accordées, et modifiait les principes de Rome pour mieux défendre sa cause. Bossuet répondit à ces inculpations en faisant imprimer son livre. L’Exposition fut traduite dans toutes les langues ; elle reçut du pape une solennelle approbation dans deux brefs adressés à Bossuet ; les évêques et les cardinaux l’approuvèrent également, et depuis elle a été regardée comme l’expression fidèle des sentiments de l’Église sur les matières controversées.
  2. 8. Voyez la note 12 de la lettre 192.