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faut louer le Roi d’un si beau choix. Il étoit en Suède, il pense à lui, et lui donne cette charge de M. de Lyonne, avec toutes les facilités nécessaires pour faire qu’il la puisse payer[1]. Quelles merveilles ne fera-t-il point en cette place, et quelle joie et ses amis et ses amies n’en doivent-ils point avoir ? Vous savez la part que j’y dois prendre ; et c’est sur un choix comme celui-là que je ferois fort bien une ode à la louange du Roi. Un petit mot de réjouissance au père et au fils ne seroit-il point de bonne grâce à vous, qui êtes si aimée de toute la famille ?

Mais il faut vous bien porter, et que cette frayeur ne vous ait rien gâté. Il me semble que vous êtes dans votre septième mois : cela me fait trembler, et d’autant plus que c’est un garçon ; vous me le promettez au moins ; n’allez pas, par votre négligence, le laisser devenir fille. Je vous avoue que j’ouvrirai vos lettres de vendredi avec une grande impatience et une grande émotion ; mais elles ne sont pas d’importance mes émotions, et un verre d’eau en fait le remède[2]. Nous sommes de bonnes fri-

  1. 5. « Lyonne étant mort, dit le Roi dans la lettre qu’il écrivit le 5 septembre à Pompone, je veux que vous remplissiez sa place ; mais comme il faut donner quelque récompense à son fils, qui a la survivance, et que le prix que j’ai réglé monte à 800 mille livres, dont j’en donne 300 mille par le moyen d’une charge qui vaque (celle de premier écuyer de la grande écurie), il faut que vous trouviez le reste. Mais pour y apporter de la facilité, je vous donne un brevet de retenue des 500 mille livres que vous devez fournir, en attendant que je trouve dans quelques années le moyen de vous donner de quoi vous tirer de l’embarras où mettent beaucoup de dettes. » Voyez le volume des Mémoires de Coulanges, p. 434. — Ce brevet de retenue ne faisait point remise à Pompone d’une partie du prix de la charge ; mais il l’autorisait, lui ou ses héritiers, à exiger plus tard de son successeur une somme égale à celle qu’il fournissait lui-même : c’était une sorte de gage qui apportait de la facilité à l’emprunt que Pompone fut sans doute obligé de faire.
  2. 6. Dans le manuscrit : « en fait l’office. »