Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 346 —

trême joie quand j’entendrai le son de votre voix ! Ce jour arrivera comme tant d’autres qu’on ne souhaite point. Je vous écris deux fois la semaine ; je crois que vous recevez mes lettres réglément : hélas ! il n’en est pas de même des vôtres. Le désordre vient depuis chez vous jusqu’à Lyon ; car après Lyon tout va bien. Mais j’admire que dans votre pays les lettres puissent être perdues.


1671

200. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Vitré, dimanche 6e septembre.

Ah ! ma fille, que vous veut donc ce feu qui tourne autour de vous, et qui vous fait des frayeurs à toute heure ? Pour vous dire le vrai, je doute que cela ne vous fasse point de mal : souvenez-vous de ce que vous fit une fois la peur de voir le Chevalier à cheval[1]. Je voudrois que du moins cela vous servît à faire redoubler le soin de tous vos gens, pour empêcher que le malheur du feu n’arrive chez vous : j’exhorte Deville, par l’affection qu’il a pour vous, à faire sa ronde plus exactement que jamais. Au reste, vous croyez qu’un rhume n’est rien en l’état où vous êtes ; je vous avertis que c’est beaucoup, et que peut-être vous n’en guérirez qu’en accouchant. Je vous recommande aussi la sagesse dans votre septième. On porte quelquefois les filles heureusement, et les garçons ont des fantaisies de venir plus tôt, et en prennent le chemin au sept[2]. Faites réflexion sur ce discours : je défie Mme du

  1. Lettre 200. — 1. Voyez la note 10 de la lettre 195.
  2. 2. C’est là le texte de l’édition de 1754, la première qui ait donné le commencement de cette lettre. Il est bien possible que Mme de Sé-