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sières s’est guéri au bruit du trictrac de chez M. d’Harouys, qui vous adore, ce d’Harouys.


195. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 19e août.

Vous me dites fort plaisamment l’état où vous met mon papier parfumé. Ceux qui vous voient lire mes lettres croient que je vous apprends que je suis morte, et ne se figurent point que ce soit une moindre nouvelle. Il s’en faut peu que je ne me corrige de la manière que vous l’avez imaginé ; j’irai toujours dans les excès pour ce qui vous sera bon, et qui dépendra de moi. J’avois déjà pensé que mon papier pourroit vous faire mal, mais ce n’étoit qu’au mois de novembre que j’avois résolu d’en changer ; je commence dès aujourd’hui, et vous n’avez plus à vous défendre que de la puanteur.

Vous avez une assez bonne quantité de Grignans ; Dieu vous garde de la tante[1], elle m’incommode d’ici. Les manches du chevalier font un bel effet à table : quoiqu’elles entraînent tout, je doute qu’elles m’entraînent aussi ; quelque foiblesse que j’aie pour les modes, j’ai une grande aversion pour cette saleté : elles feroient une belle provision à Vitré ; je n’ai jamais vu une si grande chère. Nulle table à la cour ne peut être comparée à la moindre des douze ou quinze qui y sont : aussi est-ce pour nourrir trois cents personnes qui n’ont que cette ressource pour manger. Je partis lundi de cette bonne

  1. Lettre 195. — 1. Anne d’Ornano, comtesse d’Harcourt, tante de M. de Grignan. Voyez la note 12 de la lettre 140.