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1671

Que dites-vous du mariage de Monsieur[1] ? Ce sont des traits de la Palatine[2] : c’est sa nièce et celle de la princesse de Tarente. Vous comprenez bien la joie qu’aura Monsieur de se marier en cérémonie. Quelle joie encore d’avoir une femme qui n’entende pas le françois ! On dit qu’elle est belle ; du reste elle n’est pas plus riche que Mlle de Grancey[3]. On dit que le jour que ce mariage fut déclaré, les Anges[4] disparurent pour huit jours, ne pouvant soutenir les premiers jours de cette nouvelle. Hélas ! si cette Madame pouvoit nous bien représenter celle que nous avons perdue[5] !

Mme de la Fayette me mande qu’elle alloit vous écrire, mais que la migraine l’en empêche ; elle est fort à plaindre de ce mal : je ne sais s’il ne vaudroit pas mieux n’avoir pas autant d’esprit que Pascal, que d’en avoir les incommodités[6]. La date de votre lettre est admirable : voilà qui est donc bien, ma bonne ; je n’ai que vingt ans ; puisqu’il est ainsi, vous n’avez pas sujet de craindre pour ma santé ; n’en soyez point en peine, songez seulement à la vôtre. Cette émotion que la crainte du feu vous a donnée me déplaît beaucoup : ce fut la vraie raison de votre accouchement de Livry : tâchez, ma bonne, d’é-

  1. 8. Avec la princesse Élisabeth-Charlotte de Bavière, comtesse palatine du Rhin. Voyez la note 4 de la lettre 213.
  2. 9. Anne de Gonzague. Voyez la note 3 de la lettre 213.
  3. 10. Mlle de Grancey passait pour être la maîtresse de Monsieur.
  4. 11. Voyez la note de la lettre du 6 avril 1672.
  5. 12. Henriette d’Angleterre, première femme de Monsieur. — Le chevalier de Perrin a passé tout ce morceau, depuis : On dit qu’elle est belle. Notre manuscrit et l’édition de la Haye donnent le nom propre Grancey ; l’édition de Rouen n’a que l’initiale. Dans celle de la Haye, la dernière phrase est : « Cette Madame ne représentera guère bien celle que nous avons perdue. »
  6. 13. Pascal avoit été sujet à de grands maux de tête.
    (Note de Perrin.)