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cher à Grignan, et vous voulez que je ne m’en inquiète pas ! Ma bonne, priez-moi en même temps que je ne vous aime guère ; mais soyez assurée que pendant que vous me serez ce que vous êtes à mon cœur, c’est-à-dire pendant que je vivrai, je ne puis jamais voir tranquillement tous les maux qui vous peuvent arriver. Je prie M. Deville de faire tous les soirs une ronde pour éviter les accidents du feu. Eh quoi ? si le hasard n’avoit fait lever M. de Grignan plus matin que le jour, voyez un peu, ma bonne, où vous en étiez, et ce que vous deveniez avec votre château. Je crois que vous n’avez pas oublié à remercier Dieu : pour moi j’y ai trop d’intérêt pour ne l’avoir pas fait.

Je crois que vous n’avez pas oublié aussi d’écrire ou de faire faire un compliment par M. d’Hacqueville à Mme et à M. de Lavardin[1]. Je serois bien ici en main pour le leur faire tout à mon aise ; mais quoiqu’il fût vrai, il ne seroit pas vraisemblable. Il fait ici l’amoureux d’une petite madame : je trouvai que c’étoit une contenance dont il a besoin comme d’un éventail.

Vous faites trop d’honneur assurément à notre petit Dubois[2]. Vous n’êtes point sa très-humble servante, quelque plaisir qu’il vous fasse ; vous avez de l’affection pour lui ; vous lui êtes bien obligée de la peine ; vous n’en serez point ingrate dans les occasions de lui témoigner votre bonne volonté. Pour moi, si je me croyois, j’en dirois trop : enfin, il est précisément l’homme présentement qui me donne le plus sensible plaisir ; il mande qu’il va écrire à Lyon, et qu’il y a en cet endroit du mal-

  1. Lettre 194 (revue sur une ancienne copie). — 1. Voyez les lettres du 2 et du 9 août précédent.
  2. 2. Le commis de la poste dont il a été déjà parlé, qui prenait soin de faire passer promptement en Bretagne les lettres adressées à Mme de Sévigné.