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tite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie : enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés, encore cet exemple n’est-il pas juste[1] ; une chose que l’on ne peut pas croire à Paris (comment la pourroit-on croire à Lyon[2] ?) ; une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d’Hauterive[3] ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire ; devinez-la : je vous le donne en trois.

Jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun[4] épouse dimanche au Louvre, devinez qui ? Je vous le donne en quatre, je vous le

  1. LETTRE 121. — 1. On a cru que Mme de Sévigné avait voulu indiquer ici Marie d’Angleterre, veuve de Louis XII, qui se remaria, trois mois après la mort du Roi, au duc de Suffolk, qu’elle avait aimé avant d’être reine.
  2. 2. Coulanges était à Lyon, avec sa femme, chez l’intendant du Gué Bagnols. Voyez la note 3 de la lettre 117.
  3. 3. Marguerite, duchesse de Rohan, princesse de Léon, fille unique et seule héritière du duc de Rohan, avait été sur le point d’épouser le duc de Soissons ; elle avait dédaigné la main des ducs de Weimar et de Nemours, et elle se maria par inclination, en 1645, avec Henri Chabot, simple gentilhomme n’ayant ni fortune ni établissements. Voyez la Notice, p. 58. — Mme d’Hauterive étoit Françoise de Neufville, fille du duc de Villeroi, veuve du comte de Tournon et du duc de Chaulnes ; elle se maria en troisièmes noces à Jean Vignier, marquis d’Hauterive, et depuis ce mariage son père ne la vit plus.
  4. 4. Antoine Nompar de Caumont Lauzun, comte de Puyguilhem, d’abord connu sous ce dernier nom, puis sous celui de comte de Lauzun, devint colonel général des dragons en 1666, duc de Lauzun en 1692. Il était né en Gascogne, et mourut en 1723, à quatre-vingt-dix ans. Après la mort de Mademoiselle, il épousa, en 1695, Geneviève-Marie de Durfort, fille du maréchal de Lorges, sœur de la femme de Saint-Simon.