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1671


Cependant le voilà mort d’une petite fièvre en trois heures, sans avoir le temps de songer au ciel, ni à la terre : il a passé ce temps-là à s’étonner ; il est mort subitement de la fièvre tierce. La Providence fait quelquefois des coups d’autorité qui me plaisent assez : mais il en faudroit profiter[1]. Et ce pauvre Lenet qui est mort aussi[2] ; j’en suis fâchée. Ah ! que j’aurois été contente si la nouvelle de Mme de Lyonne[3] étoit venue toute seule ! C’est bien employé. Sa sorte de malhonnêteté étoit une infamie scandaleuse. Il y a longtemps que je l’avois chassée du nombre des mères. Tous les jeunes gens de la cour ont pris part à sa disgrâce. Elle ne verra point sa fille ; on lui a ôté tous ses gens. Voilà tous ces amants bien écartés.

Vous avez présentement le grand Chevalier[4], embrassez-le pour moi, mais le Coadjuteur surtout. Je le prie de ne me point écrire ; qu’il garde sa main droite pour jouer au brelan : ce n’est pas que je n’aime ses lettres, mais

  1. 4. L’évêque du Mans (voyez la note 17 de la lettre 137) mourut le 27 juillet 1671. Il passait pour un fort mauvais chrétien, et telle était sa réputation de négligence et d’impiété qu’au rapport de Desmaiseaux, dans la Vie de Saint-Évremont (tome i des Œuvres, p. 31), on crut devoir réordonner sous condition quelques prêtres auxquels il avait conféré les ordres sacrés. Cela fit beaucoup de bruit. Mascaron était du nombre.
  2. 5. Voyez la note I de la lettre 3.
  3. 6. Elle s’appelait Paule Payen ; Hugues de Lyonne, ministre secrétaire d’État, l’avait épousée en 1645 ; elle mourut en 1704, à soixante-quatorze ans. — Après la scandaleuse aventure dont Mme de Sévigné venait de recevoir la nouvelle et qui avait couvert d’infamie Mme de Lyonne et sa fille la marquise de Cœuvres, la première fut reléguée à Angers, par un ordre du Roi du 27 juin. Son mari mourut de chagrin le 1er septembre suivant. Voyez la lettre du 19 août 1671, vers la fin, et la Correspondance de Bussy, tome I, p. 426. — Le nom de Mme de Lyonne est imprimé en entier dans l’édition de la Haye ; celle de Rouen (1726), ainsi que les éditions de Perrin, n’a que l’initiale.
  4. 7. Voyez la note 8 de la lettre 159.