Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 302 —

1671


rieurement : « Ne voulez-vous point vous en aller ? » où elles répondent non, et l’on meurt.

Voilà une lettre de M***[1] que je vous envoie, ma bonne, vous verrez s’il vous aime, s’il vous estime et si vous perdez toutes vos peines : elles vous servent au moins à être adorée de toute la famille. Plût à Dieu que tous vos désirs eussent un pareil succès !

J’ai reçu une lettre du marquis de Charost[2] toute pleine d’amitié et de ménagement. Il me parle de Mme de Brissac[3], et me mande qu’il vous écrit. Je vous prie, cruauté à part, faites-lui réponse : vous savez qu’il n’est bon qu’à ménager, et point du tout à mépriser. Il est vieux comme son père, et ne comprendroit point l’honneur qu’on lui feroit en lui refusant[4] une réponse. On me mande que le comte d’Ayen[5] épouse Mlle de Bournonville : Matame te Lutres en est enrazée.

Vous me parlez, dans votre lettre, ma bonne, qu’il faudra songer aux moyens de vous envoyer votre fille ; je vous prie de n’en point chercher d’autre que moi, qui vous la mènerai assurément, si sa nourrice le veut bien. Toute autre voiture me donneroit beaucoup de chagrin. Je

  1. 3. Dans le manuscrit, il n’y a que cette initiale. Dans l’édition de la Haye, on lit : Monsieur d’Uzès.
  2. 4. Voyez la note 4 de la lettre 57.
  3. 5. On a déjà vu qu’elle était sœur de père du duc de Saint-Simon, auteur des Mémoires ; elle avait vingt-neuf ans de plus que lui. Voyez la note 12 de la lettre 115 et la note 9 de la lettre 119.
  4. 6. Dans le manuscrit : « en lui faisant. »
  5. 7. Anne-Jules de Noailles, né en 1650, fils aîné du premier duc de Noailles (mort en 1678) et de Louise Boyer (morte en 1697) ; frère du cardinal ; alors comte d’Ayen, plus tard duc de Noailles (1677) et maréchal (1693). Il épousa, le 13 août 1671, Marie-Françoise, fille unique d’Ambroise duc de Bournonville. Il mourut à cinquante-neuf ans, en 1708 ; sa femme lui survécut. Voyez leurs portraits dans les Mémoires de Saint-Simon, tome VI, p. 423 et suivantes. Il devint en 1680 beau-frère du marquis de Lavardin.