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avec tous les états, et en attendant, elle est à Vitré toute seule, mourant d’ennui. Vous ne comprenez pas que cela puisse jamais revenir à Picard : elle meurt donc d’ennui ; je suis sa seule consolation, et vous croyez bien que je l’emporte d’une grande hauteur sur Mlles de Kerbone et de Kerqueoison[1]. Voici un grand circuit, mais pourtant nous arriverons au but. Comme je suis donc sa seule consolation, après l’avoir été voir, elle viendra ici, et je veux qu’elle trouve mon parterre net et mes allées nettes, ces grandes allées que vous aimez. Vous ne comprenez pas encore où cela peut aller ; voici une autre petite proposition incidente : vous savez qu’on fait les foins ; je n’avois pas d’ouvriers ; j’envoie dans cette prairie, que les poëtes ont célébrée, prendre tous ceux qui travailloient, pour venir nettoyer ici : vous n’y voyez encore goutte ; et, en leur place, j’envoie tous mes gens faner. Savez-vous ce que c’est que faner ? Il faut que je vous l’explique : faner est la plus jolie chose du monde, c’est retourner du foin en batifolant dans une prairie ; dès qu’on en sait tant, on sait faner. Tous mes gens y allèrent gaiement ; le seul Picard me vint dire qu’il n’iroit pas, qu’il n’étoit pas entré à mon service pour cela, que ce n’étoit pas son métier, et qu’il aimoit mieux s’en aller à Paris. Ma foi ! la colère me monte à la tête. Je songeai que c’étoit la centième sottise qu’il m’avoit faite ; qu’il n’avoit ni cœur, ni affection ; en un mot, la mesure étoit comble. Je l’ai pris au mot, et quoi qu’on m’ait pu dire pour lui, je suis demeurée ferme comme un rocher, et il est parti. C’est une justice de traiter les gens selon leurs bons ou mauvais ser-

  1. 2. Malgré l’affirmation si comique de la lettre 177 (p. 249), il est bien probable que nous avons ici la vraie forme, ou à peu près, de ces deux noms bretons qui réjouissent tant Mme de Sévigné, quand elle les tourne pour sa fille en Kerborgne et Croque-Oison.