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1671

mentau l’a enfin déclaré, et elle est logée chez lui. C’est un bon parti que Fromentau !

Vous ai-je dit qu’il y avoit des demoiselles à Vitré, dont l’une s’appelle Mlle de Croque-Oison, et l’autre de Kerborgne ? J’appelle la Plessis, Mlle de Kerlouche[1]. Ces noms me réjouissent.

Je suis toute à vous, ma bonne, et si vous m’aimez, ayez soin de votre santé.


186. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 22e juillet, jour de
la Madeleine, où fut tué, il y a quelques
années, un père que j’avois[2].

Je vous écris, ma bonne, avec plaisir, quoique je n’aie rien à vous mander. Mme de Chaulnes arriva dimanche, mais savez-vous comment ? à beau pied sans lance, entre onze heures et minuit : on pensoit à Vitré que ce fût des

    Fromentau, qui fut comte de la Vauguyon, et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit (1688). Ce Fromentau était, dit Saint-Simon, un des plus petits et des plus pauvres gentilshommes de France, qui s’était élevé par la protection de Mme de Beauvais, femme de chambre de la Reine mère. Lorsque sa femme, qu’il avait épousée à cause de sa fortune, eut été obligée de rendre à son fils le compte de tutelle, ils éprouvèrent une grande gêne, et le comte de la Vauguyon ne tarda pas à donuer des marques d’aliénation d’esprit. La mort de la comtesse, arrivée au mois d’octobre 1693, le privant de sa dernière ressource, rendit sa démence complète, et il se tua d’un coup de pistolet le 9 novembre suivant. Voyez les Mémoires de Saint-Simon, tome I, p. 111 et suivantes.

  1. 15. Voyez les lettres du 21 juin et du 5 juillet 1671, et la note 2 de la lettre 187.
  2. Lettre 186 (revue sur une ancienne copie). — 1. Le baron de Chantal fut tué le 22 juillet 1627. Voyez la Notice, p. 13.