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me fait présentement. Ah ! qu’il y a peu de personnes vraies ! Rêvez un peu sur ce mot[1], vous l’aimerez. Je lui trouve, de la façon que je l’entends, une force au delà de la signification ordinaire.

La divine Plessis est justement et à point toute fausse ; je lui fais trop d’honneur de daigner seulement en dire du mal. Elle joue toutes sortes de choses : elle joue la dévote, la capable, la peureuse, la petite poitrine, la meilleure fille du monde ; mais surtout elle me contrefait, de sorte qu’elle me fait toujours le même plaisir que si je me voyois dans un miroir qui me fît ridicule, et que je parlasse à un écho qui me répondît des sottises. J’admire où je prends celles que je vous écris. Adieu, ma très-aimable bonne. Vous qui voyez tout, ne voyez-vous point comme je suis belle les dimanches, et comme je suis négligée les jours ouvriers ? Mandez-moi si vous avez toujours le courage de vous habiller et ce que vous avez fait de provençal. Mon Dieu ! qu’on est heureux, ma bonne, de vous voir en Provence ! et quelle joie sensible quand je vous embrasserai ! car enfin ce jour viendra ; en attendant, j’en passerai de bien cruels vers le temps de vos couches.

Il a vaqué chez Monsieur une charge de vingt mille écus ; Monsieur l’a donnée à l’Ange[2], au grand plaisir de toute sa maison[3].

La Vauguyon[4], après deux ans de mariage avec Fro-

  1. 11. La Rochefoucauld le disait de Mme de la Fayette. « Est-ce la femme… loyale et sincère que la Rochefoucauld a appelée vraie ? » (Madame de Sablé, par M. Cousin, p. 174.)
  2. 12. Mlle de Grancey. Voyez la lettre du 6 avril 1672.
  3. 13. Tel est le texte des éditions de 1726 et 1734. Dans celle de 1754, plaisir est remplacé par déplaisir.
  4. 14. Marie de Stuer de Caussade de Saint-Mégrin, fille du comte de la Vauguyon, sœur du premier mari de la duchesse de Chaulnes, veuve de Barthélemy de Quelen, comte du Broutai, épousa secrètement, à l’âge de cinquante-cinq ans, André de Bétoulat, sieur de