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fait l’ouverture assez grande ; votre sang est venu goutte à goutte, et par conséquent il n’en est ni rafraîchi, ni purifié, et vous n’en êtes point soulagée. Peut-être que tout cela est faux, et je le souhaite ; mais il faudroit avoir moins de bile que je n’en ai pour rêver toujours agréablement. Quoi qu’il en soit, je vous assure que votre santé m’est fort chère ; et si vous êtes trop accablée d’écritures, je vous exhorte à m’écrire moins : puis-je vous donner une plus grande marque de l’intérêt que je prends à cette santé ? Mme de la Troche m’a mandé depuis deux jours que, si les belles intentions de Catau pendant sa grossesse ne lui ont point trop altéré l’esprit et le corps, c’est une bonne nourrice. J’ai trouvé plaisant que cette pensée me soit venue en même temps ; je vous l’avois déjà mandée.

Ma bonne, notre chapelle[1] s’élève à vue d’œil : cela occupe l’abbé, et me divertit un peu ; mais mon parc est sans âme, c’est-à-dire sans ouvriers, à cause des foins qu’il faut faire. La mort de M. de Montlouet[2] ne vous fait-elle pas grand’pitié, sa femme aussi ? Encore est-ce quelque chose que cette nouvelle : un homme qui tombe de cheval, qui crève sur la place ; on peut lire cet en-

  1. Lettre 182 (revue en grande partie sur une ancienne copie). — 1. La chapelle des Rochers, bâtie par l’abbé de Coulanges et Mme de Sévigné. Elle est fort belle. (Note de l’édition de 1818.) — Elle fut achevée en 1671, mais on n’y dit la première messe que le dimanche 15 décembre 1675.
  2. 2. M. de Montlouet tomba de cheval en lisant une lettre de sa maîtresse. (Note de 1726.) — François de Bullion, marquis de Montlouet, était second fils de Claude de Bullion, marquis de Gallardon, seigneur de Bonnelles, qui fut surintendant des finances sous Richelieu en 1632 et mourut en 1640. Il avait la charge de premier écuyer de la grande écurie du Roi. Sa femme, Louise-Henriette Rouault, dame de Thiembrune, avait été l’une des filles de la Reine, sous le nom de Mlle de Thiembrune ; elle mourut en 1687. Sur Mme de Montlouet voyez la fin de la lettre suivante, et la lettre du 24 juillet 1675, aussi vers la fin.