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1671

j’aurois s’il avoit d’autres sentiments pour vous ; mais il vous adore.

Dieu merci ! voilà mon caquet bien revenu. Je vous écris deux fois la semaine, et mon ami Dubois prend un soin extrême de notre commerce, c’est-à-dire de ma vie. Je n’en ai point reçu par le dernier ordinaire ; mais je n’en suis point en peine, à cause de ce que vous me mandez. Voilà une lettre que j’ai reçue de ma tante[1].

Votre fille est plaisante ; elle n’a pas osé aspirer à la perfection du nez de sa mère ; elle n’a pas voulu aussi… Je n’en dirai pas davantage ; elle a pris un troisième parti, et s’avise d’avoir un petit nez carré : ma bonne, n’en êtes-vous point fâchée ? Hélas ! pour cette fois vous ne devez pas avoir cette idée ; mirez-vous, c’est tout ce que vous devez faire pour finir heureusement ce que vous commencez si bien.

Adieu, ma très-aimable bonne, embrassez M. de Grignan pour moi. Vous lui pouvez dire les bontés de notre abbé. Il vous embrasse cet abbé, et votre fripon de frère. La Mousse est bien content de votre lettre ; il a raison, elle est aimable.

La suscription de la lettre originale est : Pour ma très-bonne et très-belle dans son château d’Apolidon[2]


  1. Mme de la Trousse.
  2. Château magique construit par l’enchanteur Apollidon ; il est décrit au chapitre Ier du IIe livre de l’Amadis de Gaule. On y voyait l’arc des loyaux amants, la chambre défendue, et beaucoup d’autres merveilles. — Voyez la lettre du 7 octobre 1671, et Walckenaer, tome IV, p. 48.