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expéditive, rangez-vous-y plus tôt que plus tard. Bon Dieu ! que ne souffrirai-je point en ce temps-là !

Vous me contez fort plaisamment le démêlé que vous avez eu avec mon ami Vivonne. Il me paroît que tout le tort est de son côté ; vous le menâtes beau train de la manière dont vous l’aviez pris ; son décontenancement me fait suer, et lui aussi, j’en suis assurée. Conclusion, vous l’embrassâtes : c’est un grand effort en l’état où vous êtes[1]. Il faut toujours faire en sorte de n’avoir point de querelle ni d’ennemis sur les bras.

Ce pauvre abbé de Foix est mort : cela fait pitié. Qui pourroit croire qu’une mère qui a trois garçons, dont l’aîné est marié, fût sur le point de voir finir sa maison ? Cependant il est vrai, ce petit duc de Foix ne vaut pas un coup de poing[2]. Il est à Bordeaux avec sa mère pour un procès. Quelle nouvelle pour eux ! L’Armentière beauté[3] fait la guerre à ses beaux cheveux et se déchire le sein, à ce qu’on dit ; je vois que cela vous console.

  1. 3. M. de Vivonne étoit d’une extrême grosseur. (Note de Perrin.)
  2. 4. Le duc de Foix vécut pourtant jusqu’à l’âge de soixante-quatorze ans : il ne mourut qu’en 1714. Il épousa en 1674 Marie-Charlotte de Roquelaure (fille du duc et de Marie-Charlotte de Daillon du Lude), qui mourut sans enfants en 1710. — La mère du duc de Foix était Marie-Claire, fille et héritière d’Henri de Beaufremont, marquis de Sénecé, et de Marie-Catherine de la Rochefoucauld, comtesse, puis duchesse, de Rendan. Elle était veuve de Jean-Baptiste Gaston de Foix, comte de Fleix, qu’elle avait épousé en 1637, et qui fut tué jeune sous Mardick en 1646. Elle avait été première dame d’honneur de la reine Anne et avait obtenu le tabouret, de même que sa mère, qui avait été surintendante de la maison de la même Reine et gouvernante des enfants de France. Elle mourut en 1680. — Voyez les notes 4 de la lettre 63, et 10 de la lettre 119, et Madame de Hautefort, de M. Cousin, p. 112, 132, 411. — Rendan fut érigé en duché-pairie (1663), en faveur de la mère, de la fille et du petit-fils : voyez Saint-Simon, tome IV, p. 196.
  3. 5. Henriette de Conflans, dite Mlle d’Armentières. Elle mourut à quatre-vingts ans, en 1712, sans avoir été mariée. « C’étoit, dit Saint-