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qu’elle vous respecte comme son père, et que je vous honore comme mon cousin.


169. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Lundi matin, en partant, 18e mai.

Enfin, ma fille, me voilà prête à monter dans ma calèche ; voilà qui est fait, je vous dis adieu. Jamais je ne vous dirai cette parole sans une douleur sensible. Je m’en vais donc en Bretagne : est-il possible qu’il y ait encore quelque chose à faire à un éloignement, quand on est à deux cents lieues l’une de l’autre ? Cependant j’ai trouvé encore à le perfectionner ; et comme vous avez trouvé que votre ville d’Aix n’étoit pas encore assez loin, je trouve aussi que Paris est dans votre voisinage : vous êtes allée à Marseille pour me fuir ; et moi, je m’en vais à Vitré pour le renvier sur vous. Tout de bon, ma petite, j’ai bien du regret à notre commerce : il m’étoit d’une grande consolation et d’un grand amusement ; il sera présentement d’une étrange façon. Hélas ! que vais-je vous dire du milieu de mes bois ? Je vous parlerai à cœur ouvert de Mlle du Plessis[1] et de Jacquine[2] : les jolies peintures ! Je suis fort contente de ce que vous me dites de votre santé ; mais, au nom de Dieu, si vous m’aimez, conservez-vous : ne dansez point, ne tombez point, reposez-vous souvent, et surtout prenez vos mesures pour accoucher à Aix, au milieu de tous les prompts secours. Vous savez comme vous êtes

  1. Lettre 169. — 1. Voyez la note 3 de la lettre 172.
  2. 2. Une des filles de la basse-cour des Rochers. (Note de Perrin, à la lettre du 19 août 1671.)