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entièrement insensible à tous les honneurs qu’on vous fait. Pour moi, je vous avoue grossièrement qu’ils ne me déplairoient pas ; mais je ferois l’impossible pour tâcher de revenir ici quelque temps me dépouiller de ma splendeur : ce qui vous en reste ici est trop bon pour être négligé. Mme des Pennes[1] a été aimable comme un ange ; Mlle de Scudéry l’adoroit[2] : c’étoit la princesse Cléobuline ; elle avoit un prince Thrasibule en ce temps-là ; c’est la plus jolie histoire de Cyrus[3]. Si vous étiez encore à Marseille,

  1. 3. « Renée de Forbin, fille de Gaspard de Forbin, IIe du nom, marquis de Janson, sœur de second lit de l’évêque de Marseille, mariée en 1632 à Marc-Antoine de Vento, seigneur de la Baume, baron des Pennes, de la vieille et illustre maison génoise des Vento, établie en Provence depuis le quinzième siècle, alliée aux plus grandes familles du pays, et presque toujours en possession des charges de viguier ou de premier consul de Marseille. Mme de Vento, à la fois Forbin et Vento, relevait encore cet avantage par son mérite et par les grâces de son esprit et de sa personne. » (M. Cousin, la Société française, tome I, p. 252.) — Son mari, qui fut premier consul de Marseille en 1643, était mort en 1667. « À en croire Mlle de Scudéry, ce doit avoir été un officier de marine d’une grande bravoure, fort bien dans sa jeunesse, galant aussi, aimant et cultivant les lettres et les arts. » (Ibidem, p. 259.)
  2. 4. « Les Scudéry étaient de Provence, bien que transplantés en Normandie au commencement du dix-septième siècle ; et Georges de Scudéry ayant été nommé en 1643 gouverneur de la citadelle de Notre-Dame de la Garde à Marseille, y avait fait bien des visites, et quelque séjour avec sa sœur Madeleine ; celle-ci s’y était beaucoup plu ; elle en avait emporté et y avait aussi laissé les meilleurs souvenirs. » (M. Cousin, ibidem, tome I, p. 251.)
  3. 5. La princesse Cléobuline dans le Cyrus est Christine, reine de Suède, et Mme des Pennes figure dans le roman sous le nom de Cléonisbe (tome VIII, livre II, p. 347 : Histoire de Peranius prince de Phocée, et de la princesse Cléonisbe). Après avoir rectifié, dans le tome Ier de la Société française (p. 252), cette erreur qui se trouve dans l’édition de la Haye et dans celles de Perrin, et a passé de là dans toutes les autres, M. Cousin ajoute : « Faut-il accuser Mme de Sévigné qui, parlant en 1671 d’un roman de sa jeunesse, aura pris un nom pour un autre, comme elle se trompe évidemment en rappelant ici un