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jeune et joli, cela est peigné, quelquefois un peu tapé, bouclé, chiffonné, taponné, et toujours selon que cela sied au visage. Mme de Brissac et Mme de Saint-Géran, qui n’ont pas encore voulu faire couper leurs cheveux, me paroissent mal, tant la mode m’a corrompue. Quand on est bien coiffée de cette manière, on est fort bien. Quoique ce ne soit pas une coiffure réglée, elle l’est pourtant assez pour qu’il n’y en ait point d’autre pour les jours de la plus grande cérémonie. Écrivez à Mlle du Gué qu’elle vous envoie une poupée que M. de Coulanges lui a envoyée. Vous verrez par là comme cela se fait.

Votre fille embellit tous les jours. Je vous manderai vendredi sa destinée pour cet été, et, s’il se peut, celle de votre appartement que jusques ici tout le monde admire et que personne ne loue.

J’embrasse mille fois M. de Grignan, malgré toutes ses iniquités ; je le conjure au moins que, puisqu’il fait les maux, il fasse les médecines[1], c’est-à-dire qu’il ait un soin extrême de votre santé, qu’il soit le maître là-dessus, comme vous devez être la maîtresse sur tout le reste.

Je crains votre voyage de Marseille. Si Bandol est avec vous, faites-lui mes compliments. Guitaut m’a montré votre lettre : vous écrivez délicieusement. On se plaît à les lire comme à se promener dans un beau jardin. M. d’Harouys vous adore. Il est plus loin d’être fâché contre vous que cette épingle qui étoit à Marseille n’étoit loin de celle qui étoit à Vitré. Jugez par là combien il vous aime ; car je m’en souviens, cet éloignement nous faisoit trembler. Hélas ! nous y voilà ; je ne suis point trompée dans ce qu’il me fait souffrir. Mon oncle l’abbé a vu ce matin ce d’Harouys. Vous pouvez disposer de

  1. 12. Voyez la note 5 de la lettre 110.