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Hollande et des lettres que je vous écris : c’est être à vide de reconnoissances comme vous l’étiez il y a un an de désespoirs.

Ne jetez pas si loin les livres de la Fontaine. Il y a des fables qui vous raviront, et des contes qui vous charmeront : la fin des Oies de frère Philippe, les Remois, le petit Chien, tout cela est très-joli ; il n’y a que ce qui n’est point de ce style qui est plat. Je voudrois faire une fable qui lui fît entendre combien cela est misérable de forcer son esprit à sortir de son genre, et combien la folie de vouloir chanter sur tous les tons fait une mauvaise musique. Il ne faut point qu’il sorte du talent qu’il a de conter[1].

Brancas est triste à mourir ; sa fille partit hier avec son mari pour le Languedoc ; sa femme pour Bourbon. Il est seul et tellement extravagué que nous ne cessons d’en rire, M. de Coulanges et moi.

Monsieur de Marseille a mandé à l’abbé de Pontcarré[2] que vous étiez grosse : j’ai fait assez longtemps mon devoir de cacher ce malheur ; mais enfin l’on se moque de moi.

Pour votre coiffure, elle doit ressembler à celle d’un petit garçon. La raie qui est poussée jusqu’au milieu de la tête est tournée jusqu’au-dessus des oreilles. Tout cela est coupé et tourné en grosses boucles qui viennent au-dessous des oreilles. On met un nœud entre le rond et ce coin qui est de chaque côté ; il y a des boucles sur la tête. Cela est

  1. 10. Cette phrase (Il ne faut point, etc.) n’est pas dans notre manuscrit. — Comparez à ce jugement de Mme de Sévigné sur la Fontaine celui de Bussy Rabutin dans une lettre à Furetière du 4 mai 1686.
  2. 11. Pierre Camus de Pontcarré, fils et frère de conseillers au parlement de Paris, prieur de Saint-Trojan, conseiller, aumônier du Roi ; mort en mai 1684. Il était ami du cardinal de Retz et d’Hacqueville.