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à Dunkerque. Mme de Richelieu a gagné un procès contre Mme d’Aiguillon[1]. Monsieur le Duc est parti pour la Bourgogne ; le maréchal d’Albret pour son gouvernement[2]. Monsieur le Prince a suivi le Roi. Vous voyez bien par ces lanterneries qu’il n’y a point aujourd’hui de nouvelles. Nous n’avons point dîné en Bavardin : ils sont allés se promener à Versailles.

Mme de Verneuil a été très-malade à Verneuil. La d’Escars a eu une manière d’apoplexie, qui a fait grand’peur à elle et à toutes celles qui se portent trop bien. J’ai donné votre billet à Brancas : « il fera réponse à la Grignan. » Père Ytier vous salue très-révérencieusement. Je suis en colère contre M. de Grignan, sans cela je l’aimerois. Ninon dit que votre frère est au-dessous de la définition ; il est vrai qu’il ne se connoît pas lui-même, ni les autres encore moins. Adieu, ma très-chère et très-aimable : je vous aime avec une tendresse infinie ; jamais il ne s’est vu un attachement si naturel et si tendre que celui que j’ai pour vous.


164. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 6e mai.

Je vous prie, ma bonne, ne donnons point désormais à l’absence le mérite d’avoir remis entre nous une parfaite intelligence, et de mon côté la persuasion de votre tendresse pour moi : quand elle auroit part à cette der-

  1. 14. La nièce du cardinal, la tante du duc de Richelieu : Marie-Madeleine de Vignerot, veuve sans enfants d’Antoine de Beauvoir du Roure, seigneur de Combalet ; créée duchesse d’Aiguillon en 1638 ; morte le 17 avril 1675.
  2. 15. Le maréchal d’Albret était gouverneur de Guyenne.