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de sa physionomie[1] donne de grandes idées de ses autres mérites ! Mais comment pourrois-je vous dire les tendresses, les amitiés, les remerciements de M. de la Rochefoucauld, de Segrais, de Mme de la Fayette, avec qui je passai le soir, et à qui je fis voir une partie de votre lettre ? Il y avoit tant de choses pour eux, que je vous aurois fait tort en toute manière de la leur cacher. Je leur cachai pourtant votre grossesse, pour la dire une autre fois tout bas à Mme de la Fayette ; car notre conversation d’hier roula sur d’autres discours plus agréables pour vous. Langlade survint, qui s’en va à Bourbon ; nous voulons qu’il vous aille voir. Segrais nous montra[2] un recueil qu’il a fait des chansons de Blot[3] ; elles ont le diable au corps, et c’est dommage qu’il y ait tant d’esprit. Il nous conta aussi qu’il venoit de voir une mère de Normandie qui, lui parlant d’un fils abbé qu’elle a, lui avoit dit qu’il avoit le dessein d’étudier, et qu’il commençoit toujours à prêcher en attendant : cet arrangement nous fit rire. Vous souvient-il du bon mot du comédien que je vous ai mandé[4] ? Il[5] l’a mis dans un recueil qu’il fait de tout ce qui a jamais été dit de plus fin. On parle de grandes nouvelles en Angleterre ; mais cela n’est point encore démêlé. On ne sait rien de l’arrivée du Roi

  1. 9. Dans l’édition de Rouen de 1726 : Le dérangement de sa physionomie.
  2. 10. Après nous montra, les éditions de 1726 ajoutent : ou nous voulut montrer.
  3. 11. César de Chauvigny, baron de Blot-l’Église, gentilhomme de Gaston, a fait sur les événements du temps une foule de couplets satiriques qui ont été très-recherchés des contemporains, si l’on en juge par le grand nombre de copies manuscrites qui en existent. Ce poète était excessivement libre ; ses couplets ont éclairci quelques faits. Il mourut à Blois, le 13 mars 1655.
  4. 12. Voyez la lettre du 8 avril 1671, p. 150.
  5. 13. Dans l’édition de 1754, Perrin a substitué à ce pronom, trop éloigné peut-être du mot dont il tient la place, le nom propre Segrais.