Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 198 —

1671

intelligence dont on lui sait un gré nompareil ; sa femme l’adore ; mais, parce qu’il ne faut pas être heureuse en ce monde, elle n’a pas un moment de santé[1]. On parla de vous, on vous loua jusqu’au ciel, et ce qui me parut plaisant, c’est que Vindisgrats se souvint d’avoir ouï dire ce que vous disiez, il y a six ans, d’un comte de Dietrichstein, qu’il ressembloit à M. de Beaufort[2], hormis qu’il parloit mieux françois. Nous trouvâmes plaisant qu’il avoit retenu ce bon mot ; cela nous donna lieu de parler de votre esprit : il vous a vue chez la Reine quand vous prîtes congé ; il a une grande idée de toute votre personne. Cette pauvre Mme de Béthune est encore grosse, du troisième ; elle me fait grand’pitié. On craint que la princesse d’Harcourt ne soit grosse aussi. Je trouve tous les jours ici de quoi exercer mes beaux sentiments. Mme de Coulanges vint le soir ; nous allâmes aux Tuileries ; nous y vîmes ce qui reste d’hommes à Paris, qui n’y sera pas encore longtemps, et de plus M. de Saint-Ruth[3] : quel homme, bon Dieu ! et que le désagrément

  1. 6. M. Cousin cite plusieurs lettres de Suzanne d’Aumale, où elle se plaint de sa santé. Voyez Madame de Sablé, p. 435 et suivantes.
  2. 7. Le duc de Beaufort passait pour parler assez mal le français. Retz dit « qu’il parloit et pensoit comme le peuple ; » et Segrais « qu’il savoit tous les mots de la langue, mais les employoit fort mal. Il disoit (par exemple) que le cardinal de Richelieu avoit des hémisphères, pour dire des émissaires. » Voyez le Segraisiana, p. 10, la Haye, 1722.
  3. 8. Saint-Simon (tome VIII, p. 171) rapporte que la maréchale de la Meilleraye l’avait épousé secrètement. « C’étoit, dit-il, un très-simple gentilhomme fort pauvre, grand et bien fait. extrêmement laid : je ne sais s’il l’étoit devenu depuis son mariage. Il étoit aussi fort brutal. » Il avait été page du maréchal. — « On tient que pour ses rares qualités, est-il dit dans une note de 1726, une femme titrée et très-glorieuse d’ailleurs l’avait épousé secrètement. Il devint lieutenant général. » Perrin désigne la dame par son titre et par l’initiale de son nom : « la maréchale de la M… »