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pas davantage présentement : je pense que vous trouverez que c’est assez. Je ne doute pas que la confusion n’ait été grande ; c’est une chose fâcheuse à une fête de cinquante mille écus.

M. de Menars[1] épouse Mlle de la Grange Neuville[2]. Je ne sais comme j’ai le courage de vous parler d’autre chose que de Vatel.


161. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, ce dimanche 26e avril.

Il est dimanche 26e avril ; cette lettre ne partira que mercredi ; mais ceci n’est pas une lettre, c’est une relation que vient de me faire Moreuil, à votre intention, de ce qui s’est passé à Chantilly touchant Vatel. Je vous écrivis vendredi qu’il s’étoit poignardé : voici l’affaire en détail. Le Roi arriva jeudi au soir[3] ; la chasse, les lanternes, le clair de la lune, la promenade, la collation dans un lieu tapissé de jonquilles, tout cela fut à souhait. On

  1. 7. Probablement Jean-Jacques Charron de Menars, frère de Mme Colbert, conseiller au parlement, surintendant général de la maison de la Reine. Il acheta, en 1690, une charge de président à mortier, et mourut en 1718. « C’étoit, dit Saint-Simon (tome XV, p. 311), une très-belle figure d’homme, et un fort bon homme aussi, peu capable, mais plein d’honneur, de probité, d’équité, et modeste, prodige dans un président à mortier. Le cardinal de Rohan acheta sa précieuse bibliothèque, qui étoit celle du célèbre M. de Thou. »
  2. 8. Marie, fille du troisième lit de Charles de la Grange Neuville, maître des comptes. Elle était sœur germaine de Mme de Frontenac.
  3. LETTRE 161 (revue sur une ancienne copie). — 1. Dans l’édition de 1725, on lit ici deux fois : « cela est faux, cela est faux, » mots inintelligibles à cette place.