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plus de voiture que celle-là. Je crois que ce récit vous divertira.

Nous passâmes l’autre jour une après-dînée à l’Arsenal[1] fort agréablement : il y avoit des hommes de toutes grandeurs ; Mmes de la Fayette, de Coulanges, de Méri[2], la Troche, et moi, On se promena, on parla de vous à plusieurs reprises et en très-bons termes. Nous allons aussi quelquefois à Luxembourg[3] ; M. de Longueville[4] y étoit hier, qui me pria de vous assurer de ses très-humbles services. Pour M. de la Rochefoucauld, il vous aime très-tendrement.

J’ai reçu vos gants par le gentilhomme ; vous m’accablez de présents ; ceux-ci font partie de ma provision pour Bretagne : ils sont excellents. Je vous baise de tout mon cœur, en vous remerciant, ma très-chère petite.

Je suis ravie que vous ayez approuvé mes lettres : vos approbations et vos louanges sincères me font un plaisir qui surpasse tout ce qui me vient d’ailleurs ; et pourquoi les filles comme vous n’oseroient-elles louer une mère comme moi ? Quelle sorte de respect ! Vous savez si j’estime votre goût. J’approuve fort votre loterie ; j’espère que vous me manderez ce que vous aurez gagné. Vos comédies doivent aussi vous divertir. Laissez-vous amuser, ma bonne ; suivez le courant des plaisirs qu’on peut avoir en Provence. Je vous loue fort que vous ne reconduisiez point : c’étoit pour mourir ; que les dames s’en

  1. 4. Voyez la note 3 de la lettre 115.
  2. 5. Cousine de Mme de Sévigné, fille de Mme de la Trousse. Voyez la Notice, p. 159.
  3. 6. À Luxembourg, sans article : c’était ainsi qu’on disait alors. Sauval parle du Luxembourg comme d’une promenade. À cette date, il est possible aussi qu’il s’agisse d’une visite à Mademoiselle, qui était malade : voyez la note 9 de la lettre 155.
  4. 7. L’ancien comte de Saint-Paul : voyez la lettre 139, p. 83.