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1671 Votre peinture du cardinal Grimaldi[1] est excellente : cela mord ; il est plaisant au dernier point et m’a bien fait rire ; je vous souhaite de pareilles visions[2] pour vous divertir. Enfin Montgobert sait rire ; elle entend votre langage : qu’elle est heureuse d’avoir de l’esprit, et d’être auprès de vous ! Les esprits où il n’y a point de remède font bouillir le sang.

Que vous êtes aimable de m’avoir envoyé une lettre pour Mme de Vaudemont[3] ! Je m’en vais bien lui envoyer et lui écrire un petit mot. Vous me mandiez l’autre jour que le jeu étoit une personne à qui vous aviez bien de l’obligation : ne vous a-t-il rien fait perdre ? Je vous remercie de votre souvenir au reversis, et de jouer au mail[4] ; c’est un aimable jeu pour les personnes bien faites et adroites comme vous ; je m’en vais y jouer dans mon

  1. 5. Jérôme de Grimaldi, de la branche des Grimaldi Cavalleroni, né à Gênes le 20 août 1597 ; gouverneur de Rome en 1628 et évêque d’Albano ; nonce auprès de l’empereur Ferdinand en 1632, et en 1641 auprès de Louis XIII, des mains de qui il reçut la barrette en 1643 ; nommé en 1648 successeur du cardinal Michel Mazarin sur le siége d’Aix, il n’eut ses bulles que sept ans après. Il mourut doyen des cardinaux le 4 novembre 1685. Il fut fort regretté, surtout des pauvres.
  2. 6. Dans le manuscrit il y a pareilles riens au lieu de pareilles visions, et un peu plus bas brouiller le sang au lieu de bouillir le sang.
  3. 7. Anne-Élisabeth de Lorraine, fille du duc d’Elbeuf et de sa première femme Anne-Élisabeth comtesse de Lannoi (voyez les notes 3 et 5 de la lettre 26). Elle épousa le 28 avril 1669 Charles-Henri de Lorraine, prince de Vaudemont, fils du duc Charles IV et de Béatrix de Cusance, princesse de Cantecroix. Elle mourut le 5 août 1714, et son mari le 14 janvier 1723. Elle était sœur de mère de la femme du prince de Marsillac, fils de la Rochefoucauld. Mmes de Vaudemont et de Grignan paraissent avoir été fort amies. Saint-Simon ne les a flattées ni l’une ni l’autre. Voyez ce qu’il dit de la princesse au tome VI de ses Mémoires, p. 17 ; voyez aussi les lettres des 19 février 1672, 14 septembre et 13 octobre 1675, 24 juillet et 1er septembre 1680, 15 mai 1691, et les Mémoires de Coulanges, p. 243.
  4. 8. Il y a un beau mail à Grignan, sous le château, hors de la ville. On l’appelle encore le Cours Adhémar. (Note de l’édition de 1818.)