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Brancas versa, il y a trois ou quatre jours, dans un fossé. Il s’y établit si bien, qu’il demanda à ceux qui allèrent le secourir ce qu’ils desiroient de son service. Toutes ses glaces étoient cassées, sa tête l’auroit été, s’il n’étoit plus heureux que sage. Toute cette aventure n’a fait nulle distraction à sa rêverie. Je lui ai mandé ce matin que je lui apprenois qu’il avait versé, qu’il avoit pensé se rompre le cou, qu’il étoit le seul dans Paris qui ne sût point cette nouvelle, que je lui apprenois l’inquiétude que j’en avois eue : j’attends sa réponse.

Voilà Mme la Comtesse[1] et Briole[2], qui vous font trois cents compliments.

Adieu, ma très-chère enfant ; je m’en vais fermer mon paquet. Je suis assurée que vous ne doutez pas de mon amitié, c’est pourquoi je ne vous en dirai rien ce soir.

Mme la Comtesse[3] ne peut pas voir une lettre qui vous va trouver sans y mettre quelque chose d’elle, quand ce ne seroit qu’un compliment sur les cinq mille francs d’augmentation[4]. De l’humeur dont vous la connoissez, vous jugez aisément qu’elle trouve un compliment mieux fondé sur les cinq mille francs, que sur cinq cent mille adorations et autant de harangues que vos perfections et vos dignités vous ont attirées.



    qu’elle eut un grand rhume qui la fit demeurer à Paris huit ou dix jours. Elle n’était pas rétablie, quand elle suivit le Roi dans son voyage de Flandre (le 23 avril).

  1. 10. La comtesse de Fiesque. Voyez la note 3 de la lettre 34.
  2. 11. Peut-être le fils de celui qui commandait le régiment de Condé-cavalerie et dont il est parlé dans les Mémoires du cardinal de Retz (tome I, p. 277) et de Mademoiselle (tome I, p. 205).
  3. 12. Dans l’édition de Rouen (1726) : « Mme la comtesse de Brégy. »
  4. 13. Voyez la Notice, p. 125.