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de vos éventails, en prenant part au plaisir que j’ai de vous les donner : ce n’est que cela qui vous les doit rendre aimables. Faites que j’aie des trésors, et vous verrez si je me contenterai de faire avoir des pantoufles de natte à votre nourrice.


Mon cher Grignan, puisque vous trouvez votre femme si belle, conservez-la. C’est assez d’avoir chaud cet été en Provence, sans y être malade. Vous croyez que j’y ferois des merveilles ; je vous assure que je ne suis pas au point que vous pensez là-dessus. La crainte m’est aussi contraire qu’à vous, et je crois que ma fille fait mieux que je ne pourrois faire.


Mme de Villars et toutes celles que vous nommez dans vos lettres vous font tant d’amitiés que je ne finirois point si je les disois toutes ; ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on vous oublie. Adieu. Vous m’embrassez si tendrement ! Pensez-vous que je ne reçoive point vos caresses à bras ouverts ? Pensez-vous que l’amitié puisse jamais aller plus loin que celle que j’ai pour vous ?

Mandez-moi comme vous vous portez le 6e de ce mois. Vos habits si bien faits, cette taille si bien remplie dans son naturel, ô mon Dieu ! conservez-la donc pour mon voyage de Provence. Vous savez bien qu’il ne vous peut manquer. — Je le souhaite plus que vous, mon cher Comte. Embrassez-moi, et croyez que je vous aime et que tout le bonheur de ma fille est en vous.