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de chaud. Je suis revenue chez M. le Camus[1], qui s’en va écrire à M. de Grignan, en lui envoyant la réponse de M. de Vendôme[2]. L’affaire du secrétaire n’a pas été sans difficulté[3]. La civilité qu’a faite M. de Grignan étoit entièrement nécessaire pour cette année : ce qui est fait est fait ; mais pour l’autre, il faut que de bonne foi M. de Grignan soit le solliciteur du secrétaire du gouverneur : autrement il paroîtroit que ce qu’a offert votre mari ne seroit que des paroles ; il faut bien se garder de n’y pas conformer les actions. Il faut aussi captiver Monsieur de Marseille, et lui faire croire qu’il est de vos amis, malgré qu’il en ait, et que ce sera lui qui sera votre homme d’affaires l’année qui vient. J’approuve la conduite que vous voulez avoir avec lui ; je vois bien qu’elle est nécessaire ; je le vois plus que je ne le faisois.


Je reçois présentement votre lettre du 31e mars ; je n’ai point encore trouvé le moyen de les lire sans beaucoup d’émotion. Je vois toute votre vie, et je ne trouve que M. de Grignan qui vous entende. Vous n’êtes donc point belle, vous n’avez guère d’esprit, vous ne dansez point bien ? Hélas ! est-ce ma chère enfant ? J’aurois grand’peine à vous reconnoître sur ce portrait.

Je dirai à M. de la Rochefoucauld toutes les folies que vous dites sur les chanoines[4], et comme vous croyez que c’est de là qu’on a nommé le dévot sexe féminin. Il y a plaisir à vous mander des bagatelles ; vous y répondez très-bien, et je vous embrasse mille fois de me remercier

  1. 18. Voyez la note 16 de la lettre 150.
  2. 19. Gouverneur de Provence. Voyez la Notice, p. 241, 246, 254, 256, 257.
  3. 20. Voyez le second alinéa de la lettre du 12 février 1672.
  4. 21. Voyez la lettre 147, p. 121 et suivante.