Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 141 —

1671

être concertées, Mme de la Fayette et moi, voici ce que nous lui répondîmes, quand elle nous pria qu’elle pût venir avec mous passer le soir chez son fils[1]. Elle me dit : « Madame, vous pourrez bien me remener, n’est-il pas vrai ? — Pardonnez-moi, Madame ; car il faut que je passe chez Mme du Puy-du-Fou. » Menterie, j’y avais déjà été. Elle s’en va à Mme de la Fayette : « Madame, lui dit-elle, mon fils me renverra bien ? — Non, Madame, il ne le pourra pas, il vendit hier ses chevaux au marquis de Ragni[2]. » Menterie, c’étoit un marché en l’air. Un moment après, Mme de Schomberg[3] la vint reprendre, quoiqu’elle ne la puisse pas vendre[4], et elle fut contrainte de s’en aller, et de quitter une représentation

    Armand de Madaillan de Lesparre, marquis de Lassay, dont on a des mémoires, fort peu intéressants, et mourut en 1710.

  1. 5. Sur ce nom de fils que Mme de Marans donnait à la Rochefoucauld, voyez un passage assez significatif de la lettre du 4 mai 1672.
  2. 6. Charles-Nicolas de Créquy, marquis de Ragni, lieutenant général au gouvernement de Dauphiné en 1670, mort en 1674. Il a signé, comme cousin de la mariée, au contrat de mariage de Mlle de Sévigné : voyez la Notice, p. 330.
  3. 7. Marie de Hautefort, l’amie de Louis XII, la dame d’atour de la reine Anne d’Autriche, née en 1616, morte en 1691. Elle était veuve depuis 1656 du maréchal Charles de Schomberg. — Mme de Marans (Françoise de Montallais) était parente de Mme de Schomberg, et logeait avec la maréchale, qui, depuis son veuvage, s’était fait bâtir une maison, « modeste et retirée, dans le faubourg Saint-Antoine, rue de Charonne, à côté du couvent de la Madeleine de Trenelle. » Voyez Madame de Hautefort, par M. Cousin, p. 162 et 236 ; voyez aussi les lettres du 20 avril 1672 et du 4 septembre 1673.
  4. 8. Allusion à la scène v de Lubin ou le Sot vengé, de Raimond Poisson. Lubine dit à Lubin de reporter au boucher une tête de veau trop avancée, et Lubin, après s’en être défendu, répond :


    J’y vay, ne me frappe donc pas ;
    Mais, comme il ne la pourra vendre,
    Il ne la voudra pas reprendre.
            (Œuvres de Poisson, la Haye, 1680, p. 12.)