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je dis : « Hélas ! que l’on le lui donne, il lui coûte assez cher[1]. » Il fut de mon avis.

Au milieu du silence du cercle, la Reine se tourne, et me dit : « À qui ressemble votre petite-fille ? — Madame, lui dis-je, elle ressemble à M. de Grignan. » Elle fit un cri : « J’en suis fâchée, » et me dit doucement : « Elle auroit mieux fait de ressembler à sa mère ou à sa grand’mère. » Voilà comme vous me faites faire ma cour, ma pauvre bonne.

Le maréchal de Bellefonds m’a fait promettre de le tirer de la presse. M. et Mme de Duras, à qui j’ai fait vos compliments, MM. de Charost et de Montausier, et tutti quanti, vous les rendent au centuple. J’ai donné votre lettre à Monsieur de Condom. J’oubliois Monsieur le Dauphin et Mademoiselle. Je lui ai parlé de Segrais, à la romaine, prenant son parti ; mais elle n’est pas traitable sur ce qui touche à neuf cents lieues près de la vue d’un certain cap, d’où l’on découvre les terres de Micomicon[2]. J’ai vu Mme de Ludres[3] ; elle me vint aborder


    maître de l’artillerie en 1669. Sa mère était Marie Feydau, fille d’un trésorier de l’Épargne. Sa femme, dont il sera question plus d’une fois, était Renée-Éléonore de Bouillé, fille unique du marquis de ce nom. Elle mourut à quarante-neuf ans, le 12 janvier 1681. Le grand maître se remaria un mois après avec Marguerite-Louise de Béthune, veuve du comte de Guiche. Voyez la Notice, p. 59 et 60.

  1. 3. Le duc de Ventadour était, comme nous l’avons dit, laid, contrefait et très-débauché. Voyez les lettres 131, 137, 140, 144, 145.
  2. 4. Nom du grand royaume dont l’infortunée princesse Micomicona (Dorothée) est « la légitime héritière, » et que lui a ravi «  « le démesuré géant Pandafilando de la vue louche. » Voyez le Valeureux Dom Quixote de la Manche, traduit fidèlement de l’espagnol de Michel Cervantes, dédié au Roi, par Cæsar Oudin, secrétaire interprète de Sa Majesté, tome I, IVe partie, chap. xxix et xxx, Paris, 1639.
  3. 5. Marie-Isabelle, comtesse de Ludres, d’une très-ancienne maison de Lorraine ; chanoinesse de l’abbaye de filles nobles de Poussay (près de Mirecourt). Elle fut successivement fille d’honneur de Madame Henriette, de la Reine, et de la seconde duchesse d’Orléans. Le Roi,