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vous l’êtes à Aix. Mon Dieu ! ma bonne, je songe à vous sans cesse, et toujours avec une tendresse infinie ; je vous vois faire toutes vos révérences et vos civilités : vous faites fort bien, je vous en assure. Tâchez, mon enfant, de vous accommoder un peu de ce qui n’est pas mauvais ; ne vous dégoûtez point de ce qui n’est que médiocre ; faites-vous un plaisir de ce qui n’est pas ridicule[1].

Les étoiles fixes et errantes de Mme du Canet m’ont fort réjouie. M. de Coulanges prétend que vous lui manderez votre avis des dames d’Aix. Il vient de m’apporter une relation admirable de tout votre voyage, que lui fait très-agréablement M. de Rippert[2]. Voilà justement ce que nous souhaitions. Il m’a montré aussi une lettre que vous lui écrivez, qui est très-aimable. Toutes vos lettres me plaisent ; je vois celles que je puis. La liaison de M. de Coulanges et de moi est extrême par le côté de la Provence. Il me semble qu’il m’est bien plus proche qu’il n’étoit ; nous en parlons sans cesse. Quand les lettres de Provence arrivent, c’est une joie parmi tous ceux qui m’aiment, comme c’est une tristesse quand je suis longtemps sans en avoir. Lire vos lettres et vous écrire font la première affaire de ma vie ; tout fait place à ce commerce : aussi les autres me paroissent plaisants. Aimer comme je vous aime fait trouver frivoles toutes les autres amitiés. Pour vous écrire, soyez assurée que je n’y manque point deux fois la semaine[3]. Si l’on pouvoit doubler, j’y serois tout aussi ponctuelle ; mais ponctuelle par le plaisir que j’y prends, et non point pour l’avoir promis. Il y a quelques lettres de traverse, comme par exemple

  1. 9. Ne faut-il pas lire plutôt : « de ce qui n’est que ridicule ? »
  2. 10. Voyez la note 7 de la lettre 139.
  3. 11. Voyez la note 4 de la lettre 145.