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1695 dame votre fille se portoit bien mieux ; j’en ai une joie très-sincère, et je souhaite de tout mon cœur, ma très-chère, d’apprendre la continuation de ce mieux. J’ai la confiance de croire que vous me le ferez savoir ; cela me donne aussi des espérances que nous vous reverrons bientôt : il n’y a rien en vérité que je désire si vivement. Votre retour est nécessaire à bien des choses, dont le changement d’air est une des principales pour Mme de Grignan ; Madame sa belle-fille est trop abandonnée ici ; le retour de M. de Sévigné qui approche : que de raisons, ma très-belle, pour nous revenir voir ! Paris est fort rempli à l’heure qu’il est ; mais il ne le sera point à ma fantaisie, tant que vous ne serez point avec nous. J’ai bien envie d’apprendre si Mme de Grignan a fait usage des bouillons d’écrevisse, et si elle s’en est bien trouvée. Il y a tous les jours de bons dîners à l’hôtel de Chaulnes, et une très-bonne compagnie, où vous êtes toujours désirée. M. le marquis de Grignan me fit l’honneur de me venir voir il y a deux jours ; je le remerciai de n’être point grossi ; il me paroît fort content du palais qu’il habite[1]. On me mande de Lyon que la charmante Pauline va changer de nom ; ne nous l’amènerez-vous pas ? Il n’y a que Mme de Simiane que je puisse jamais autant aimer que Mlle de Grignan. Hélas ! à propos de Simiane, le pauvre Monsieur de Langres[2] est à l’extrémité ; j’en suis tout à fait en peine. Je crois M. Nicole mort ; il tomba en apoplexie, il y a deux jours ; Racine vint en diligence de Versailles lui apporter

  1. Lettre 1436. — 1. L’hôtel de son beau-père. Voyez la lettre du 20 septembre précédent, p. 316.
  2. 2. Louis-Marie-Armand de Simiane de Gordes évêque de Langres, mort le 21 novembre 1695, à l’âge de so1xante-dix ans, Il avait été premier aumonier de la feue reine. Voyez la Gazette du 26 novembre.