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de l’humeur que je vous connois sur la mort de M. de Fieubet[1] ; mais adieu.



1388. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À COULANGES.

À Grignan, le 14e octobre.

Votre lettre, mon cher cousin, ne pouvoit être trop longtemps attendue ; elle nous a tous charmés, nous l’avons lue et relue, nous avons chanté et rechanté vos chansons ; et quand M. de Grignan arriva hier de Marseille[2], où il avoit encore quelques affaires, ce fut la première chose que nous lui lûmes que la lettre et les chansons de Coulanges. Elles trouvèrent leur place, après la première surprise qu’il nous donna ; il étoit tombé à Sorgues[3] sur un degré et s’étoit tellement cassé le nez et un peu la tête, et avoit de si grands emplâtres, que jamaisla Rapinière ni le Destin[4] n’en portèrent de plus remarquables ; mais étant persuadés et bien assurés que ce ne seroit rien du tout, nous reprîmes tous notre pre-

  1. 8. « M. de Fieubet est mort ce matin dans sa maison de Villefrit, proche Paris. Il y a déjà plus de trois ans qu’il avoit quitté le monde et s’étoit retiré aux Camaldules de Gros-Bois. Le Roi lui avoit conservé sa place de conseiller d’État.(Journal de Dangeau, 10 septembre 1694.) L’abbé Anselme prononça son oraison funèbre. Voyez la lettre du 15 octobre 1695. — D’Aguesseau, père de l’avocat général, conseiller d’État de semestre, fut fait conseiller d’État ordinaire, en la place de Fieubet. Voyez le Mercure de septembre, p. 264 et 265.
  2. Lettre 1388. — 1. Le comte de Grignan, comme nous l’apprend la Gazette du 16 octobre, venait de commander les troupes employées à couvrir les côtes de Provence.
  3. 2. Petite ville du Comtat Venaissin, canton de Bédarride, arrondissement d’Avignon.
  4. 3, Personnages du Roman comique de Scarron.