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1694 Je veux seulement en attendant vous consoler de Mlle de Lavardin. Sachez que ce qui a gagné entièrement le père, c’est que M. de la Châtre ne doit rien du tout ; sa mère lui donne dix mille écus, qui suffiront pour payer ses petites dettes. Voilà ce qui l’a fait décider[1]car il n’a pas voulu écouter Bouligneux[2], ni le comte de Tillières[3], ni tous ceux qui ont quelques embarras dans leur maison ; vous jugez bien que par cet endroit vous n’eussiez pas été choisis, quoique si bons pour les autres endroits. Le bien de M. de la Châtre est de quinze mille livres de rente ; il en aura trente un jour : cela est médiocre ; ils n’auront présentement que trente mille livres de rente ; la sagesse de Mlle de Lavardin, qui ne veut pas qu’on fasse la moindre dépense et qui songera d’abord à l’équipage de son mari, est ce qui se doit le plus regretter ; car dans la disposition du père vous y voyez une entière impossibilité[4]. Osez-vous donc cette pensée, et sans vous occuper à des choses inutiles, songez à ce qui est dans vos mains.

Pour la petite d’Ormesson[5], elle n’a que cent mille

  1. 3. Dans la première édition (1827) on avait, pour la clarté, remplacé ces mots par ceux—ci : « Voilà ce qui a décidé M. de Lavardin. »
  2. 4. Voyez tome VI, p. 559, note 15, et tome III, p. 96, note 9.
  3. 5. Jacques-Tanneguy le Veneur, comte de Tillières et de Carouges, brigadier des armées du Roi en 1702, fils de Mme de Tillières dont il a été question au tome IX (p. 511, note 6), épousa au mois de janvier 1699 Michelle-Gabrielle, fille de Louis-Dreux du Gué de Bagnols, conseiller d’État.
  4. 6. La première édition avait ainsi modifié ce membre de phrase : « mais vous y voyez une entière impossibilité dans la disposition du père. »
  5. 7. Anne-Françoise, fille d’André le Fèvre d’Ormesson, seigneur d’Amboise, maître des requêtes, et petite-fille d’Olivier, née le 15 mai 1678, épousa le 4 octobre 1694 François-Henri d’Aguesseau, chancelier en 1717. Elle mourut le 1er décembre 1735.