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1664 pouvez tirer autre chose de ce papier, que l’effet qu’il vient de faire, qui est de me donner beaucoup de confusion. » M. le chancelier a dit : « Cependant vous venez d’entendre, et vous avez pu voir par là que cette grande passion pour l’État, dont vous nous avez parlé tant de fois, n’a pas été si considérable que vous n’ayez pensé à le brouiller d’un bout à l’autre. — Monsieur, a dit M. Foucquet, ce sont des pensées qui me sont venues dans le fort du désespoir où me jetoit quelquefois M. le Cardinal, principalement lorsque après avoir plus contribué que personne du monde à son retour en France, je me vis payé d’une si noire ingratitude. J’ai une lettre de lui et une de la Reine mère, qui font foi de ce que je dis ; mais on les a prises dans mes papiers, avec plusieurs autres. Mon malheur est de n’avoir pas brûlé ce misérable papier, qui étoit tellement hors de ma mémoire et de mon esprit, que j’ai été plus de deux ans sans y penser, et sans croire l’avoir. Quoi qu’il en soit, je le désavoue de tout mon cœur, et vous supplie de croire, Monsieur, que ma passion pour la personne et le service du Roi n’en a pas été diminuée. » M. le chancelier a dit : « Il est bien difficile de le croire, quand on voit une pensée opiniâtrement exprimée en différents temps. » M. Foucquet a répondu : « Monsieur, dans tous les temps, et même au péril de ma vie, je n’ai jamais abandonné la personne du Roi ; et dans ces temps-là vous étiez, Monsieur, le chef du conseil de ses ennemis, et vos proches donnoient passage à l’armée qui étoit contre lui[1]. »

  1. Voyez la lettre suivante, p. 464. Le chancelier Seguier avait ménagé tous les partis, pendant les troubles de la Fronde. Il était entré dans le conseil du duc d’Orléans et du prince de Condé ; en outre, il avait engagé le duc de Sully, son gendre, gouverneur de Mantes, à donner, par le pont de Mantes, passage à l’armée espa-