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NOTICE BIOGRAPHIQUE


d’amitié et d’honnêteté... N’est-ce pas une consolation pour nous, en nous aimant tendrement par inclination, comme nous faisons, que nous obéissions à la meilleure et à la plus aimable de toutes les mères[1] ? »

Le marquis de Sévigné, comme on le voit par une de ses lettres datée du 31 août 1697, était alors lieutenant de roi de Bretagne. « Le roi, dit-il ailleurs, m’envoya commander à Nantes, par commission, en 1693[2]. » Il avait acheté cent quatre-vingt mille livres cette charge héréditaire. Saint-Simon le nomme parmi les députés de la Bretagne qui vinrent, en 1700, à Fontainebleau, soutenir victorieusement les prétentions de l’amirauté de leur province contre l’amirauté de France[3]. Mais il ne tarda pas à se retirer entièrement du monde. « La dévotion, disait madame de Coulanges, est son premier métier. » Il y était encouragé par sa femme, dont la piété était ardente, et qui avait un amour de la retraite au moins égal au sien. Elle alla s’établir, en 1703, au faubourg Saint-Jacques, dans une maison qui était vis-à-vis du séminaire de SaintMagloire[4]. Sévigné, après avoir quitté quelque temps sa femme pour faire un voyage en Bretagne, vint bientôt la rejoindre dans sa retraite. Madame de Coulanges écrivait : « Je suis persuadée qu’il va être le compagnon du P. Massillon[5]. » Massillon dirigeait alors le séminaire de Saint-Magloire. Ce fut là en effet que le marquis de Sévigné finit par se retirer et qu’il passa les dernières années de sa vie, dans une cellule de séminariste. Il y mourut à l’âge de soixante-cinq ans, le 26 mars 1713, et fut enterré dans l’église de Saint-Jacques du Haut-Pas. Sa veuve vivait encore en 1733 ; car, dans une lettre du 12 juin de cette année, madame de Simiane

  1. Lettre d’août 1696.
  2. Lettre du 27 septembre 1696. — Dans l’acte de son décès, on lui donne les titres de « marquis de Sévigné, des Rochers, de Bodegat et d’Estrelles, de Lestremeur, de Lannoy et autres lieux, conseiller du roi en ses conseils, lieutenant pour Sa Majesté des ville et comté de Nantes en pays nantais. »
  3. Mémoires, tome II, p. 441.
  4. Ce séminaire des Oratoriens était dans l’ancien bâtiment de l’hôpital de Saint-Jacques du Haut-Pas. L’Institution des sourds-muets est aujourd’hui établie sur le même emplacement.
  5. Lettre à madame de Grignan, 7 juillet 1703.